Covid-19 : les Chiliens obtiennent le droit de puiser dans leur épargne-retraite
2020-07-24 16:33:44
Le Congrès a adopté une proposition de loi permettant aux Chiliens de retirer jusqu’à 10 % de leur épargne-retraite. C’est un coup dur porté au système décrié des Administratrices de fonds de pension.
La loi a été adoptée en un temps record. Au terme d’une vingtaine de jours de débats au Congrès, et sous une immense pression sociale – Klaxon et concerts de casseroles aux fenêtres des habitants confinés ont retenti dans la capitale, Santiago, et les grandes villes du pays à plusieurs reprises ces dernières semaines –, la Chambre des députés a définitivement approuvé, jeudi 23 juillet, le texte autorisant les Chiliens à puiser dans leur épargne-retraite. Ceux-ci pourront retirer jusqu’à 10 % de leurs cotisations, dans la limite de 4,3 millions de pesos (4 700 euros), afin de faire face aux difficultés économiques provoquées par la pandémie de Covid-19.
Cette décision est un coup dur porté aux Administratrices de fonds de pension (AFP), les institutions privées qui gèrent les pensions des Chiliens. Le système de retraite, hérité de la dictature du général Pinochet (1973-1990) et conçu par José Piñera, le frère du président de droite, Sebastian Piñera, prévoit que tous les employés cotisent obligatoirement à hauteur de 10 % de leur salaire. Les fonds de pension privés, chargés de faire fructifier sur les marchés financiers ces sommes dont le montant total équivaut à 80 % du produit intérieur brut (PIB) chilien, ne distribuent, ensuite, que des pensions misérables aux retraités. En 2019, huit sur dix percevaient une pension inférieure au salaire minimum (301 000 pesos, soit 330 euros). En finir avec les AFP est l’une des principales revendications du mouvement social historique démarré en octobre 2019.
« Contre vents et marées, le peuple a gagné ! », s’est réjoui sur Twitter le député d’opposition Vlado Mirosevic, membre du Parti libéral du Chili. Immense revers pour le gouvernement : la moitié des députés issus de la coalition au pouvoir, Chile Vamos, se sont prononcés en faveur du texte. « Ces parlementaires ont vu à quel point la réforme était populaire, des sondages ont montré que 80 % de la population était pour, rappelle Recaredo Galvez, politologue et chercheur au sein du think tank Fundacion Sol. C’est une proposition qui a pris de l’ampleur au fur et à mesure que s’étendait la pandémie, car les mesures du gouvernement étaient jugées insuffisantes. »