« Beaucoup d’agents voient leur avenir se dérober sous leurs pieds » : à la RATP, une transformation à marche forcée
2021-04-03 17:01:37
La profonde mutation de la régie de transports, alors que se profile l’arrivée de la concurrence, inquiète les salariés. Mais les tentatives de mobilisation ne prennent pas.
Ils sont une bonne centaine, en ce vendredi 2 avril ensoleillé, à l’entrée du centre bus RATP de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). Drapeaux CGT claquant au vent, ils sont venus soutenir un élu syndical menacé de licenciement. Si la « répression patronale » est le thème du jour, le sujet de l’arrivée de la concurrence et des changements qu’elle induit à la RATP domine les conversations : « régression », « démantèlement », « crève-cœur ». « Je ne vais pas attendre la concurrence… Je vais me barrer avant », annonce Manu (les personnes citées dont le nom n’apparaît pas ont souhaité garder l’anonymat), 42 ans, machiniste à Vitry-sur-Seine depuis huit ans.
Derrière la bravade militante affleure une sourde inquiétude, celle de salariés d’un vénérable service public – la régie a 73 ans – engagé désormais dans le plus grand bouleversement de son histoire. Le cœur de la RATP, l’établissement public industriel et commercial (EPIC), regroupant l’ensemble des activités en monopole (RER, métro, tram, bus, à Paris et dans la petite couronne), se voit secoué comme jamais.
L’EPIC RATP, qui représente 80 % des 5,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires de l’entreprise et 45 000 salariés (70 % des effectifs), est, depuis quelques mois, restructuré, réformé, découpé en centres de profit (« business units », ou BU). Avec, en ligne de mire, la concurrence qui arrive dans moins de quatre ans pour l’activité bus et ses 18 000 salariés (en 2030 pour le tramway, en 2040 pour le métro et le RER). Ile-de-France Mobilités, l’autorité organisatrice, attribuera, avant la fin 2024, des lots de lignes au plus offrant. Et la RATP a beaucoup à y perdre.