A Belfort, General Electric revoit à la baisse son plan social chez Steam Power
2021-04-18 16:09:29
Le conglomérat américain de l’énergie avait annoncé, fin 2020, vouloir supprimer 238 postes sur près de 1 800 dans sa branche nucléaire. Il propose désormais d’en épargner 94, ce qui est loin de satisfaire les syndicats.
Ce ne seront pas 238 emplois, mais 144 qui seront finalement supprimés dans l’entité Steam Power de General Electric, à Belfort (Territoire de Belfort). Vendredi 16 avril, la direction du géant américain a indiqué dans un communiqué que « GE Steam Power Systems [avait] échangé de manière détaillée et constructive avec les représentants du personnel sur le projet initial et ses hypothèses. Les discussions menées ont permis de conserver 94 postes. » C’est une première victoire symbolique pour l’intersyndicale formée par la CFE-CGC, la CFDT et la CGT.
Le 8 décembre 2020, GE avait annoncé un Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) chez Steam Power afin de supprimer 238 postes (ingénieurs et cadres) sur un total de 1 788, alors que les carnets de commandes étaient encore bien remplis, « avec une visibilité sur trois ans minimum », relève Laurent Humbert, de la CFE-CGC.
Le conglomérat américain de l’énergie justifiait alors ces réductions de personnel par son retrait du marché des centrales à charbon neuves et son recentrage sur l’activité nucléaire. Problème : « On n’a plus de projet lié au charbon depuis plus d’un an », observe M. Humbert. « Les effectifs affectés à ce business ont progressivement basculé vers le nucléaire, ce qui a permis d’absorber la grosse charge de travail. »
Situation « intenable dans plusieurs secteurs »
Celle-ci pourrait encore augmenter avec le projet EPR2 d’EDF qui, s’il venait à se concrétiser, prévoit la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires en France. GE et l’Allemand Siemens sont sur les rangs pour décrocher ce marché de plusieurs dizaines de milliards d’euros. « On voit mal l’Etat français commander des turbines et des alternateurs chez Siemens, alors qu’il est en train d’œuvrer à la sécurisation de la filière nucléaire française avec le rachat de l’activité de GE », analyse Christian Mougenot, de la CFDT. Dominique Thiriet (CGT) le confirme : « La réduction des effectifs et la perte de compétences-clés seraient extrêmement préjudiciables pour l’avenir. »
Les syndicats considèrent que cette nouvelle proposition est « significative, mais pas suffisante », jugeant la situation « intenable dans plusieurs secteurs ». Tous continuent de réclamer la suspension du PSE. Seulement, « on connaît GE », souligne Laurent Humbert. « Ça va être compliqué d’obtenir davantage. A présent, il faut mobiliser les politiques. » A l’instar de ses homologues syndicaux, il réclame la venue à Belfort du ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire.
Le PSE chez Steam Power s’ajoute à une liste déjà longue de plans sociaux – au sein des entités gaz, hydro (barrages) et grid (réseaux électriques) – qui ébranlent le site belfortain depuis mai 2019. « La vision des Américains est court-termiste et purement financière », soupire Christian Mougenot. « GE veut des profits immédiats, quitte, pour cela, à mettre des centaines de salariés à la porte. »