Covid-19 : le business des autotests, ni eldorado ni mirage

  • 2021-05-25 17:39:50
Face à des tests PCR et antigéniques gratuits pour les usagers, ces kits de dépistage vendus en pharmacie ne suscitent pas l’engouement attendu. Les fournisseurs misent sur la commande publique dans un secteur où la concurrence est rude. Ce n’est pas un flop complet, mais pas non plus un succès flamboyant. Un mois et demi après leur arrivée dans les officines françaises, les autotests peinent à trouver leur place auprès du grand public. Depuis leur mise en vente sur le marché, les pharmacies tricolores en ont écoulé environ 1,3 million, selon le spécialiste dans l’analyse des données de santé, IQVIA France. Soit moins d’une centaine en moyenne par officine. « Les ventes restent modestes comparées aux 2,5 millions de tests antigéniques et PCR effectués chaque semaine », constate Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, première organisation de la profession. Autorisés dans l’Hexagone depuis le 12 avril, ces kits antigéniques de dépistage du Covid-19, sont venus compléter l’arsenal mis en place par l’Etat pour traquer le nouveau coronavirus. A l’inverse des tests antigéniques nasopharyngés et PCR, effectués dans les pharmacies et les laboratoires de biologie médicale par des professionnels, les autotests sont à réaliser soi-même, par le biais d’un prélèvement nasal. L’objectif ? Déceler les cas positifs asymptomatiques. « C’est pratique, rapide et le coût est faible », souligne Larry Abensur, PDG de la société alsacienne Biosynex, l’un des cinq fabricants français dont l’autotest a obtenu le feu vert de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, qui concède que « les ventes en pharmacie ne sont pas énormes ». Rien à voir avec la ruée observée en mars en Allemagne, lorsque les premiers autotests ont été commercialisés. Les discounters locaux, Aldi et Lidl, avaient alors épuisé leurs stocks en quelques heures. Dans la plupart des pays européens, les tests antigéniques et PCR sont payants (excepté en cas de symptômes du Covid-19), la facture grimpant de 50 à plus de 350 euros selon le lieu. Les autotests y constituent donc une solution alternative plus abordable. Au contraire, la France prend en charge l’intégralité du coût de ces dépistages, hormis ceux des autotests. De quoi décourager les clients, bien que le prix de vente ait été plafonné par le gouvernement à 6 euros, et même à 5,20 euros depuis le 15 mai. « Au-delà du coût, ces autotests, par ailleurs moins sensibles que les autres tests, n’entrent pas dans la stratégie du passe sanitaire », précise Philippe Besset. Pression des ChinoisSi les ventes en officine n’atteignent pas des volumes astronomiques, « elles ne sont pas non plus anecdotiques », tempère le directeur général de la PME francilienne AAZ, Fabien Larue, qui assure livrer près de 1 million de kits par mois aux grossistes-répartiteurs qui approvisionnent les pharmacies. « Comparé aux ventes de notre autotest de dépistage rapide du sida, qui sont de 60 000 à 80 000 par an, c’est énorme », poursuit-il. Le strasbourgeois Toda Pharma, dont la capacité de production atteint plusieurs dizaines de milliers de tests par semaine, a d’ailleurs dû externaliser une partie de sa fabrication pour répondre à la demande. « On tourne à plein régime et notre carnet de commandes est plein », explique Florian Gotti, son responsable marketing.

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