« Si on sépare les tables, ils finissent par les rapprocher… » : à Paris, dans la jungle des terrasses de bars et restaurants
2021-06-08 16:13:45
Depuis le 19 mai, les établissements peuvent accueillir en terrasse à 50 % de capacité. Si un grand nombre d’entre eux s’efforcent de faire respecter la distanciation, beaucoup n’attendent pas l’échéance du 9 juin pour faire terrasse pleine.
La terrasse, encore clairsemée en ce milieu d’après-midi, s’étale comme un long serpent sur quinze mètres le long du trottoir, déborde sur la chaussée, tourne à l’angle du café pour se prolonger dans la petite impasse, repasse sur le trottoir d’en face, tourne de nouveau avant de s’achever quinze mètres plus loin, de l’autre côté du passage piéton. « Le nombre de tables ? Je n’ai pas compté », avoue le patron de ce bar du 20e arrondissement de Paris, dont la terrasse s’étend à perte de vue, avec gel hydroalcoolique et distance d’un mètre entre les tables.
Depuis leur réouverture, le 19 mai, les bars et restaurants sont soumis à un protocole sanitaire imposant des tablées de six personnes au maximum, et une jauge limitée à 50 % de la capacité de la terrasse. Le 9 juin, ils pourront ouvrir les terrasses à 100 % de leur capacité et les salles à 50 %, avant de pouvoir accueillir sans limite de jauge ni de convives par table le 30 juin. Alors que le couvre-feu passera à 23h mercredi, les terrasses éphémères, pérennisées par la réforme des étalages et terrasses annoncée lundi 7 juin par la mairie de Paris, devront fermer à 22 heures. Mais, même avant la deuxième phase de déconfinement, le constat est clair : beaucoup de terrasses sont pleines, et les restaurateurs peinent à faire respecter les règles sanitaires.
« Vous voyez de la distanciation physique, vous ? » Derrière son comptoir, Lucie (les prénoms ont été modifiés) lève les yeux au ciel. Lorsqu’elle a rouvert les portes de son bar du 20e arrondissement, la jeune patronne a fait de son mieux pour n’avoir d’ennuis ni avec la police ni avec les riverains : elle n’a étendu sa terrasse que de cinq ou six tables sur le trottoir d’en face. Mais, même ainsi, elle se sent débordée par l’enthousiasme des clients : « Ils arrivent par groupe de six, puis veulent ramener un ou deux amis. Si on sépare les tables, ils finissent par les rapprocher… »