Réindustrialiser la France tout en réduisant les émissions de carbone, pourquoi l’équation reste un casse-tête

  • 2021-06-16 21:34:09
Localement, on assiste à la multiplication des conflits sociaux autour de la fermeture de sites, ou, à l’inverse, à l’émergence de frondes écologistes visant à restreindre l’installation d’activités jugées polluantes. « Fin de mois », contre « fin du monde ». Bientôt trois ans après la crise des « gilets jaunes » qui en avait révélé l’évidence, et à l’heure où le projet de loi Climat et résilience est en discussion au Sénat, l’opposition entre ces deux urgences génère incompréhensions et conflits locaux un peu partout sur le territoire. Il y a ceux qui ont le sentiment de payer la transition énergétique au prix fort. « Pour 98 salariés de la centrale de Gardanne, elle se solde par du chômage. Avec les sous-traitants, c’est 1 000 familles qui seront dans la précarité », assène Nadir Hadjali, secrétaire adjoint de la CGT à la centrale thermique de GazelEnergie dans les Bouches-du-Rhône. Depuis deux ans et demi, ses salariés luttent avec acharnement contre la fermeture de leur outil de travail, le président de la République, Emmanuel Macron, ayant promis la sortie du charbon pour 2022 dès sa campagne présidentielle. Depuis, la France s’est engagée à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Pas de licenciements pour les agents de la centrale à charbon d’EDF du Havre (Seine-Maritime), fermée le 31 mars. Mais des mutations, des déménagements et beaucoup d’amertume, témoigne Frédéric Guérin, secrétaire général de la CGT du site. « On devait savoir des mois à l’avance où on serait reclassé, pour qu’on envisage l’avenir sereinement. Mais tout s’est fait dans la précipitation. Sur 150 agents, 25 ne savent toujours pas ce qu’ils vont devenir. » A l’opposé, il y a ces fronts citoyens contre des industries jugées polluantes. Comme à Tarascon (Bouches-du-Rhône), contre l’usine de pâte à papier Fibre Excellence, classée Seveso. En redressement judiciaire, elle a reçu 9 millions d’euros d’aides publiques, quand la seule offre de reprise exige un moratoire de deux ans sur les investissements environnementaux. Mais l’entreprise, qui emploie 300 salariés, est l’unique débouché pour des milliers d’exploitants forestiers du Sud-Est.

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