La hausse des prix a accéléré en novembre, pour afficher un rythme de 6,8 %, soit la plus forte augmentation jamais enregistrée depuis trente-neuf ans.
Du jamais vu depuis juin 1982, sous la présidence de Ronald Reagan, lorsque Paul Volcker s’efforçait, à la tête de la Fed, de terrasser l’inflation après les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979 : la hausse des prix aux Etats-Unis a progressé sur un an de 6,8 % au mois de novembre, en forte hausse par rapport au mois précédent (6,2 %).
Surtout, l’inflation est désormais généralisée sur le continent nord américain, puisque l’indice hors énergie et alimentation progresse de 4,9 % (contre 4,4 % un mois plus tôt). Les prix de l’énergie, eux, ont bondi sur un an d’un tiers et l’alimentation de 6,1 %, selon les chiffres publiés vendredi 10 décembre par le ministère du travail.
Cela fait donc sept mois, depuis mai, que l’inflation américaine dépasse 5 %. Joe Biden et le président de la Réserve fédérale américaine (Fed, banque centrale), Jerome Powell, se sont trompés de diagnostic économique, le premier en faisant adopter un plan de relance conjoncturel majeur et à contretemps en mars, alors que l’économie rebondissait déjà, le second en assurant que la hausse des prix serait « transitoire », terme qu’il a récemment récusé. Résultat, les salaires réels baissent depuis deux mois (– 0,6 % en octobre, – 0,4 % en novembre). En effet, leur hausse nominale en rythme annuel (+ 4,8 %) est inférieure de près de deux points à la hausse des prix.
Faire sauter les verrous
L’inflation est un mélange complexe : elle est due en partie à un choc d’offre, provoqué par les goulets d’étranglement dus au Covid-19 et à la « démondialisation » : pénurie de semi-conducteurs, qui paralyse l’automobile ; envolée des matériaux de construction pour les Américains qui veulent vivre dans des maisons individuelles ; blocage des ports aux Etats-Unis et en Chine ; pénurie de main-d’œuvre, en raison de la « grande démission » des Américains, qui ont quitté le marché du travail et vivent sur les réserves d’épargne accumulées pendant le Covid-19.
Cette inflation s’explique aussi par un choc de demande, avec des Américains qui ont massivement réalloué leurs dépenses, en achetant des biens plutôt que des services.