Pétrole : la délicate question de la taxation des superprofits

  • 2022-04-13 02:18:27
Avec la flambée des cours, liée à la guerre en Ukraine, les bénéfices des groupes pétrogaziers s’envolent. En temps de guerre en Ukraine, faut-il taxer les profits exceptionnels des compagnies faisant commerce de l’énergie ? En 2021, les majors avaient bénéficié à plein de la reprise de l’activité économique à travers le monde. Depuis février et l’offensive de l’armée russe, les cours s’agitent encore plus. Jusqu’à 139 dollars (128 euros) pour le pétrole, le 7 mars : le baril de brent s’approchait alors du record absolu de juillet 2008 (147,50 dollars). Et jusqu’à 220 euros le mégawattheure pour du gaz, là encore en mars, soit environ dix fois plus qu’un an auparavant. L’ONG de défense de l’environnement Greenpeace a fait les calculs : selon son décompte, « au cours du seul mois de mars, l’industrie pétrolière a engrangé en moyenne 107 millions d’euros supplémentaires par jour », principalement pour du diesel. Même les promoteurs du libéralisme encouragent à présent, et de façon temporaire, l’idée d’une plus forte imposition pour « amortir l’impact de la hausse des prix sur les consommateurs », a déclaré, mi-mars, l’Australien Mathias Cormann, secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). L’Italie et la Roumanie ont déjà décidé d’une telle mesure, explique-t-il. D’ici au 24 avril, l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen pourrait alimenter le débat en France, sur le thème du pouvoir d’achat des ménages. La candidate d’extrême droite veut ainsi cibler les « superprofits » des pétroliers – le litre de carburant ayant dépassé 2 euros, en moyenne, sur les routes du pays, lors du premier trimestre. Le gouvernement français écarte pour l’instant cette option et met plutôt en avant le coût de son « bouclier » pour contrer la hausse des prix de l’énergie : au moins 22 milliards d’euros depuis le second semestre 2021, dont le blocage des prix du gaz pour Engie et la mise à contribution d’EDF pour l’électricité. Jean Castex, le premier ministre, a cependant appelé le secteur pétrolier à fournir lui aussi « un effort ».

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