Elon Musk et Twitter, une OPA aussi politique qu’économique
2022-04-17 02:58:47
éjà premier actionnaire du réseau social, le fantasque patron de Tesla et SpaceX a annoncé, jeudi, une offre publique d’achat visant à acquérir Twitter et le sortir de la Bourse. Ses motivations soulèvent des interrogations.
Une offre à 54,20 dollars. C’est le montant très sérieux auquel Elon Musk a proposé de racheter les actions de Twitter… Mais c’est aussi un clin d’œil au cannabis, surnommé « 4/20 » en argot américain, en référence à l’habitude de fumer des joints à 4 h 20 de l’après-midi. Comme souvent avec le patron de Tesla et SpaceX, la flamboyance entrepreneuriale côtoie la provocation potache, avec un art consommé du contre-pied.
L’offre publique d’achat (OPA) surprise, lancée jeudi 14 avril par l’homme le plus riche du monde, a plongé le monde des affaires et des médias – ainsi que Twitter – dans un moment d’excitation aux accents surréalistes. La manœuvre capitalistique hostile suscite d’autant plus de conjectures qu’elle comporte, outre son volet économique, une importante dimension politique.
Twitter « ne prospérera pas ni ne remplira sa mission sociétale [de liberté d’expression] dans sa forme actuelle », a expliqué M. Musk dans une lettre adressée au conseil d’administration. Avant de lancer, avec son aplomb habituel : « Twitter a un énorme potentiel. Je vais le réaliser. »
Le prix proposé par Elon Musk dans son OPA valorise à 46 milliards de dollars (42,3 milliards d’euros) l’entreprise dont il possède déjà 9 % du capital. L’acheteur est donc prêt à débourser un « premium », c’est-à-dire une bonification de 21 % par rapport au cours d’ouverture du titre jeudi, et de 54 % par rapport à celui du 28 janvier, date à laquelle il a discrètement commencé à investir dans Twitter, jusqu’à devenir son premier actionnaire.
Ce raid à bas bruit a été révélé, le 4 avril, dans des documents de la Securities and Exchange Commission (SEC), le « gendarme » américain de la Bourse. Pris au dépourvu, les dirigeants de Twitter ont alors proposé au nouvel actionnaire d’entrer au conseil d’administration, avant que l’intéressé refuse, le 11 avril, à l’occasion d’un nouveau coup de théâtre. C’était en fait probablement une tactique pour avoir les mains plus libres juridiquement.
« Je ne joue pas au jeu classique des allers-retours », préférant « aller directement au but », explique aujourd’hui Elon Musk au conseil d’administration, dans sa missive annonçant son OPA inamicale. Dans la foulée, le réseau social a annoncé qu’il allait « examiner avec attention » l’offre.