Renault-FCA : l’Etat français ne veut pas laisser dicter les termes de la fusion par les Agnelli
2019-06-03 00:02:14
Les discussions ont été intenses ce week-end. L’Etat actionnaire de Renault va demander un siège au conseil d’administration et une gouvernance à deux têtes (John Elkann et Jean-Dominique Senard) sera pérennisée pour quatre ans.
C’est mardi 4 juin à 15 heures que le conseil d’administration de Renault devrait répondre à la proposition de fusion adressée il y a une semaine par le groupe italo-américain Fiat Chrysler (FCA) au constructeur français. L’entreprise contrôlée par la famille Agnelli avait proposé le 27 mai une fusion à 50/50 pour former avec le groupe au losange le numéro 3 mondial de l’automobile, doté d’une capacité de production de près de 9 millions de voitures par an.
Accueillie « avec intérêt » par les administrateurs de Renault, immédiatement saluée par les marchés financiers et considérée positivement par l’Etat français, actionnaire à 15 % de l’ex-Régie, l’opération a été, dans les jours qui ont suivi, en butte aux critiques et aux questionnements quant à son équilibre. La valeur de Renault par rapport à celle de FCA (15 milliards d’euros contre 18) est-elle sous-estimée ? Le projet n’est-il pas au fond une « prise de contrôle virtuelle » du français par les Agnelli, pour reprendre les termes d’un memo envoyé par Carlos Tavares, le patron de PSA qui était sur les rangs pour s’allier avec FCA, à ses hauts cadres ?
Dans ce climat, les administrateurs de Renault se sont mis au travail ces derniers jours pour examiner en détail la proposition. En parallèle, en coulisses, se déroulent tractations et jeux d’influence. La proposition financière de FCA « semble équitable, elle a été approuvée par le conseil d’administration. C’est à prendre ou à laisser, et rapidement ! », a lancé jeudi 30 juin une source de l’entourage du groupe turinois, citée par le quotidien Les Echos.
Accord sur l’organigrammeApparemment, la sortie a été peu goûtée par le gouvernement français qui n’a pas l’intention de se faire forcer la main. « C’est une offre amicale et elle doit le rester, déclare-t-on à Bercy. Non ce n’est pas “à prendre ou à laisser”. Tout est évidemment encore discutable. Ces déclarations attribuées à FCA sont peut-être un jeu tactique destiné à nous pousser dans nos retranchements. Mais l’Etat n’est pas aux abois. Nous allons regarder l’ensemble du deal, pour voir s’il est équitable ou non. »
Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a rappelé officiellement vendredi la position de la France. Ce projet « est une réelle opportunité pour Renault et pour l’industrie automobile française », a-t-il déclaré. Mais M. Le Maire a souligné qu’il « veillera[it] au strict respect de quatre conditions : le respect de l’alliance Renault Nissan, la préservation des emplois et des sites industriels, une gouvernance équilibrée et la participation du futur groupe au projet européen de batterie électrique ».AFP.