L’euro gagne un peu de terrain face au dollar sans parvenir à le détrôner
2019-06-14 22:39:29
Le poids de la monnaie unique à l’international s’est un peu renforcé en 2018, souligne la Banque centrale européenne. Mais le dollar reste, de loin, la devise reine.
L’euro prendra-t-il un jour le trône du dollar, devise reine du système monétaire depuis l’après-guerre ? Ceux qui à Paris, Berlin et Bruxelles en rêvent, se réjouiront du rapport publié jeudi 13 juin par la Banque centrale européenne (BCE). Car les nouvelles sont bonnes : le rôle international de la monnaie unique s’est un peu renforcé l’an passé. « Sa part dans les réserves de changes mondiales [détenues par les banques centrales] a progressé de 1,2 point en 2018 », détaille l’institution. Après avoir reflué pendant la crise, cette part est repartie à la hausse en 2016 pour atteindre, fin 2018, 20,7 % des réserves, devant le yen (5,2 %), la livre sterling (4,43 %) et le yuan (1,89 %). Mais toujours loin derrière le billet vert (61,7 %). « La part de celui-ci est néanmoins tombée au plus bas depuis l’instauration de la zone euro », souligne la BCE.
Et pour cause : face à la guerre commerciale et aux sanctions unilatérales imposées par Donald Trump, nombre de banques centrales cherchent à réduire l’exposition de leurs réserves, détenues sous formes de titres de dettes publiques, au billet vert. Un mouvement de « dédollarisation » profitant en premier lieu à l’euro. Ainsi, l’institut monétaire de Russie a vendu 100 milliards de dollars (88,7 milliards d’euros) de dettes sur la deuxième moitié de 2018, et a racheté l’équivalent de 90 milliards de dollars de titres libellés en euros et en yuans. Désormais, la monnaie unique (39 %) est en tête des réserves russes, devant le billet vert (27 %) et la devise chinoise (17 %).
Si la part de l’euro pour les facturations des biens exportés hors de l’union monétaire reste stable (61,6 %), son poids s’est en revanche renforcé sur les marchés financiers. Les émissions de dettes libellées en euros ont ainsi progressé de 20 % à 22,7 % entre 2017 et 2018, alors que celles de dettes en dollars ont reculé de 69 % à 61 %. Face aux incertitudes géopolitiques et à la hausse des taux d’intérêt américains, des entreprises des pays émergents se sont tournées vers la monnaie du Vieux Continent, là aussi, pour diversifier leurs sources de financement.