PSA et Fiat Chrysler annoncent officiellement leur projet de fusion

  • 2019-11-01 16:45:17
Les entreprises envisagent un partage à parts égales. Le futur groupe serait installé aux Pays-Bas. Carlos Tavares, actuel patron du constructeur français, en deviendrait le directeur général. Carlos Tavares a encore frappé un grand coup. Après cinq ans passés à la présidence du directoire de PSA, marqués par le redressement spectaculaire d’un constructeur au bord du gouffre, puis le rachat réussi d’Opel en 2017 à General Motors (GM), il prépare son mariage avec l’italo-américain Fiat Chrysler Automobiles (FCA). Les conseils de surveillance des deux groupes ont donné leur feu vert, mercredi 30 octobre, et les deux sociétés ont officialisé, jeudi, l’ouverture de négociations exclusives qui doivent aboutir « dans les prochaines semaines », indiquent-elles dans un communiqué commun. Cette opération donnera naissance au numéro quatre mondial en termes de ventes (8,7 millions de véhicules), de chiffre d’affaires (170 milliards d’euros) et d’effectifs (400 000 salariés avec l’équipementier Faurecia). M. Tavares en prendra la direction opérationnelle pour un mandat d’au moins cinq ans. Président non-exécutif de Fiat Chrysler et représentant de la famille Agnelli, John Elkann assurera la présidence d’un conseil de onze membres ayant « une majorité d’administrateurs indépendants » : six issus de PSA, dont M. Tavares, et cinq venant de FCA, y compris M. Elkann. La société mère sera installée aux Pays-Bas et cotée à Paris, Milan et New York. En revanche, les sièges opérationnels resteront implantés en France, en Italie et aux Etats-Unis. Les familles Peugeot (12,23 % de PSA) et Agnelli (29 % de FCA) ont enfin trouvé un terrain d’entente. L’opération diluera leur part respective, mais le clan turinois aura de l’ordre de 15 % de la nouvelle entité et la dynastie sochalienne quelque 6 %. Le projet prévoit une fusion entre égaux par échange d’actions à 50-50. Pour un partage à parts égales des synergies et des avantages de la fusion, FCA va distribuer à ses actionnaires un dividende exceptionnel de 5,5 milliards d’euros en liquide et ses parts dans le fabricant de robots Comau. De son côté, PSA va céder aux siens les 46 % qu’il détient dans l’équipementier Faurecia pour un montant de l’ordre de 3 milliards d’euros. Feu vert de l’Elysée D’autres actionnaires auront leur mot à dire : le chinois Dongfeng et l’Etat français, qui détiennent 12,23 % de PSA chacun depuis l’opération de sauvetage du groupe en 2014. Si l’Elysée a donné son feu vert, le ministère de l’économie et des finances a prévenu que l’Etat sera « particulièrement vigilant » sur trois points : « la préservation de l’empreinte industrielle, la localisation des centres de décision et la confirmation de l’engagement du nouveau groupe sur la création d’une filière industrielle européenne de batteries électriques », à laquelle Saft (Total) doit aussi participer avec des sociétés allemandes. Cela fait deux ans que les dirigeants des deux groupes discutent de ce mariage. Deux ans marqués par la disparition du charismatique patron de FCA, Sergio Marchionne, en juillet 2018, et la tentative très poussée avec Renault au printemps. Une négociation sans lendemain, l’Etat actionnaire à 15 % de la firme au Losange ayant demandé à son nouveau patron, Jean-Dominique Senard, de donner la priorité à la relance de l’alliance Renault-Nissan, au plus mal après les poursuites judiciaires au Japon contre Carlos Ghosn. PSA et Fiat Chrysler sont des poids moyens du secteur, loin derrière le trio de tête Volkswagen, Toyota, Renault-Nissan-Mitsubishi, qui ont produit de l’ordre de 10 millions de véhicules chacun en 2018. Or, atteindre une taille critique est devenu vital à l’heure où les constructeurs doivent investir massivement pour répondre au triple défi commercial (marchés en berne), écologique (normes d’émissions de polluants et de CO2 plus strictes) et technologique (voiture hybride, tout électrique et autonome, connectique). Les synergies dégagées progressivement pourraient représenter 3,7 milliards d’euros par an, « des estimations qui ne sont pas basées sur des fermetures d’usine », précise le communiqué. Capacité d’achat et marges opérationnelles augmentées Les deux « maisons » se connaissent depuis trente ans et sont culturellement assez proches. L’une et l’autre avaient des points faibles, que leur mariage est censé faire disparaître. FCA devait impérativement se doter d’une plateforme pour véhicule électrique ; son partenaire français la fournira avec toutes les technologies associées. Le groupe italo-américain doit verdir rapidement sa gamme de véhicules, sous peine de lourdes pénalités. Et trouver de nouveaux marchés, notamment en Asie, alors qu’il tire l’essentiel de ses profits de ses marques américaines (Jeep et RAM).

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