De la Californie à Berlin, la percée industrielle de Tesla
2019-11-18 09:04:02
En annonçant une cinquième usine en Allemagne, Elon Musk affirme sa volonté d’expansion. A Fremont, la cadence productive est supérieure à 250 000 véhicules en rythme annuel depuis janvier 2019.
De la taille d’un immeuble, la presse géante plie, découpe et malaxe les épaisses feuilles d’aluminium aussi facilement que si c’était du chewing-gum. A l’avant, des robots s’affairent pour ranger dans des râteliers monumentaux les éléments de carrosserie formés dans un bruit sourd par la pression de 11 000 tonnes. Mais plus que la puissance de l’énorme machine, ce qui saute aux yeux, c’est le fronton, où cinq lettres majuscules rouges sur fond blanc toisent le visiteur comme pour lui dire : TESLA, c’est aussi une force industrielle.
Bienvenue à Fremont (Californie), l’usine d’assemblage du plus célèbre des constructeurs de voitures électriques, située dans la baie de San Francisco, à quelques kilomètres à vol d’oiseau de Palo Alto, le siège de l’entreprise fondée et dirigée par Elon Musk.
De ce lieu sont sortis, jusqu’ici, l’ensemble des 700 000 bolides de la marque qui sillonnent le monde. Mais cette période ne va pas tarder à être révolue. Et c’est même une percée industrielle que vient d’accomplir en quelques mois l’entreprise créée il y a un peu plus de quinze ans dans la Silicon Valley.
Mercredi 13 novembre, M. Musk a annoncé que la banlieue de Berlin accueillerait son troisième site d’assemblage automobile au monde (il produira la Model 3 et le futur petit SUV Model Y) après Fremont et la prochaine ouverture de la toute nouvelle usine de Shanghaï. Cette dernière est – exploit impressionnant – sortie de terre en dix mois, entre janvier et octobre 2019, et les premiers tests de production sont lancés ces jours-ci.
Montée en force de la production
Avec les « Gigafactories » allemande et chinoise, Tesla affirme sa volonté d’expansion. Cinq usines – en fonctionnement ou en projet – forment désormais un embryon d’appareil productif mondial, puisque Berlin et Shanghaï s’ajoutent à la célèbre Gigafactory du Nevada (où sont produites les cellules des batteries), à celle de Buffalo (Etat de New York) qui fabrique des cellules photovoltaïques et, bien sûr, à l’usine californienne.
Retour à Fremont, seul site du groupe à ne pas avoir droit au titre de Gigafactory malgré son gigantisme : une superficie équivalente à 60 terrains de foot, 10 000 employés au bas mot, des milliers de robots et plus de 3 milliards d’euros investis depuis 2009. Deux lignes de production se côtoient sans se mélanger : celle qui assemble les luxueuses Model S et Model X (85 000 euros prix de départ, bonus écologique déduit) et la chaîne dédiée à la plus abordable Model 3 (plus de 40 000 euros quand même). Cette ligne-ci a une cadence nettement plus élevée permettant une production supérieure de plus de 450 % à celle de sa voisine.