L’action Française des jeux a pris 15 % dès son entrée en Bourse
2019-11-22 09:32:44
L’opération devrait rapporter « plus de 2 milliards d’euros » à l’Etat, selon le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire.
La Française des jeux (FDJ) a eu droit à la « cérémonie de la cloche », jeudi 21 novembre, à 9 h 30, pour l’ouverture de sa première journée de cotation à la Bourse de Paris, en présence de Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances, et de Stéphane Pallez, le PDG de l’opérateur public dont l’Etat a vendu 52 % du capital pour n’en conserver que 20 %. Dès l’ouverture, le titre décollait de quelque 15 % par rapport au prix de 19,90 euros fixé pour son introduction. Vers midi, l’action s’échangeait à 22,82 euros (+14,7 %).
Cette privatisation d’un groupe public – marquante autant que controversée – est la première du quinquennat d’Emmanuel Macron ; et la première depuis celle d’EDF, en novembre 2005.
Devant l’afflux de la demande, le gouvernement a décidé d’en fixer le prix d’introduction à 19,90 euros, le plus haut de la fourchette (16,50 euros-19,90 euros) définie lors de la période de souscription qui courait du 7 au 20 novembre. « Du fait de la décote de 2 % octroyée aux investisseurs particuliers, le prix d’introduction pour les personnes physiques a été fixé à 19,50 euros », précise l’Agence des participations de l’Etat.
La vente elle-même rapportera 1,8 milliard d’euros à l’Etat, qui doivent être versés au fonds public pour relancer la France dans la course aux technologies. Abondé jusqu’à 10 milliards d’euros par le produit des cessions d’actifs (EDF, Thalès, Safran, Renault, FDJ…), il aura un rendement annuel de 200 millions à 300 millions d’euros qui, selon Bercy, « financera le développement d’innovations de rupture et leur industrialisation en France ». Ce qui est, selon lui, « en cohérence avec la politique économique du gouvernement ».
« Immense succès populaire »
Au terme de la souscription pour les particuliers, mardi 19 novembre, Bruno Le Maire s’était félicité d’un « immense succès populaire ». Les ordres d’achat de 500 000 petits épargnants ont dépassé 1,6 milliard d’euros – alors que l’enveloppe théorique visée par l’Etat était de 600 millions d’euros. « C’est un succès spectaculaire, les Français sont au rendez-vous », a-t-il renchéri mercredi.
Le gouvernement a donc décidé de porter la part des particuliers et des détaillants du réseau FDJ de 33,3 % à 40,5 %. Ils détiendront ainsi 21 % de l’opérateur historique et la part des salariés passera de 5 % à 7 %. « L’Etat, les actionnaires historiques [associations d’anciens combattants] et les Français détiendront plus de 60 % du capital de la Française des jeux », a souligné le ministre de l’économie et des finances, en se félicitant également de l’impact positif de l’opération pour la place de Paris.
De leur côté, les investisseurs institutionnels (banques, assurances, fonds…), qui s’étaient aussi précipités sur les titres FDJ dès les premières heures de la souscription, ont passé des ordres d’achat pour 10 milliards d’euros. Mais ce sont les particuliers qui seront servis « en priorité », a averti M. Le Maire : intégralement jusqu’à 2 000 euros d’ordres passés et 7 500 euros pour les buralistes et les maisons de la presse du réseau de la FDJ.
Deuxième opérateur en Europe
Ce devrait être une bonne affaire pour les souscripteurs, qui avaient été échaudés lors des « IPO » (initial public offering) de France Télécom (1997) et d’EDF (2005), deux groupes dont les actions sont aujourd’hui très en dessous de leur prix d’introduction.
Le prix de vente de la FDJ réduit certes leur potentiel de hausse ; mais les personnes physiques et les détaillants FDJ qui conservent leurs actions pendant dix-huit mois recevront une action gratuite pour dix actions achetées.
Surtout, la stabilité, la croissance et le rendement de la FDJ, deuxième opérateur en Europe, en font une valeur dite « de père de famille », jugent de nombreux analystes et gestionnaires de patrimoine. Y compris en cas de difficultés économiques, où les jeux d’argent et la loterie prospèrent. On l’a constaté dans les années suivant la crise financière de 2008, malgré la baisse du pouvoir d’achat de nombreux ménages.
C’est aussi une bonne affaire pour l’Etat, à court et moyen terme du moins. Il y perdra quelque 100 millions d’euros de dividendes par an, mais il va encaisser – en plus du produit de la cession de 52 % du capital – une soulte de 380 millions d’euros au titre des droits exclusifs que la FDJ conservera durant vingt-cinq ans sur certains jeux (Loto, EuroMillions, Parions sport…). Enfin, il continuera de percevoir les 3,5 milliards d’euros de taxes et d’impôts prélevés chaque année sur les quelque 10 milliards du produit des jeux (les mises moins les gains versés aux joueurs).