L’Arabie saoudite fait tout pour soutenir les cours du pétrole
2019-12-07 18:53:24
Au sommet de l’OPEP, vendredi, Riyad a annoncé de nouvelles baisses de production. Un prix plus élevé favoriserait l’introduction en Bourse de Saudi Aramco la semaine prochaine.
Le scénario n’était pas à l’ordre du jour de la réunion semestrielle de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), organisée les 5 et 6 décembre à Vienne, en Autriche. Il est pourtant arrivé sur la table dès l’ouverture des travaux. Et après de longues heures de négociations serrées au siège du cartel, ses quatorze membres, la Russie et quelques pays regroupés au sein de l’OPEP+ sont tombés d’accord pour réduire encore leur production de 500 000 barils par jour au cours du premier trimestre 2020 par rapport à la production d’octobre 2018, ce qui portera les coupes à 1,7 million de barils.
A l’issue du sommet, vendredi après-midi, le nouveau ministre saoudien de l’énergie, le prince Abdelaziz Ben Salman, a même créé une nouvelle surprise en annonçant une « belle nouvelle », tenue secrète par les membres de l’OPEP durant vingt-quatre heures : Riyad « continuera à réduire volontairement sa production de 400 000 barils » en dessous de son objectif officiel. Elle atteindrait ainsi son plus bas niveau depuis 2014, année où l’or noir avait dégringolé sous la barre des 100 dollars, selon l’agence Bloomberg. Au total, la baisse globale atteindrait 2,1 millions de barils par jour.
L’objectif de faire remonter les cours a été atteint : à Londres, le Brent a immédiatement gagné 1,92 % (à 64,61 dollars) ; et à New York, le baril américain de WTI pour livraison en janvier prenait 1,85 % (à 59,51 dollars). Les marchés ne se font pourtant pas trop d’illusion. La compagnie nationale saoudienne, Saudi Aramco, pompait déjà à un niveau inférieur à ses quotas OPEP pour éviter une baisse des cours.
Il n’est pas certain que le volontarisme saoudien suffise à calmer les marchés, chahutés depuis un an par plusieurs facteurs déstabilisants : la guerre commerciale entre Washington et Pékin, qui bride une croissance chinoise très gourmande en pétrole, notamment en provenance du golfe arabo-persique ; l’atonie des économies européennes, dont on n’entrevoit pas la fin ; le dynamisme de la production américaine, même si elle ralentit ; et le niveau élevé des stocks de brut et de produits raffinés.
Stabilité politique et développement économique
Ce groupe OPEP+, qui assure la moitié de la production mondiale de pétrole, doit se revoir en mars 2020 pour faire un point d’étape sur les effets des mesures décidées vendredi. Il est né en décembre 2016 pour faire pièce à la montée en puissance des producteurs de pétrole de schiste américain. Tous dépendent des prix de l’or noir pour leur stabilité politique et/ou leur développement économique, et tous redoutent que le baril retombe sous les 50 dollars, comme au début de 2019. Un prix trop bas pour leur permettre d’équilibrer leur budget.