Désinfection, horaires décalés, télétravail... Les entreprises s’organisent pour protéger leurs salariés
2020-04-24 20:45:21
Marquage au sol, port du masque, prise de température ou encore développement du télétravail, la protection des salariés en vue d’un retour dans les entreprises commence à se mettre en place.
Le déconfinement se fera très progressivement et les entreprises ne rouvriront pas toutes en même temps, a annoncé le premier ministre, Edouard Philippe, dimanche 19 avril, en présentant « les principes du déconfinement ». « Le 11 mai n’est pas la mort du Covid-19. On ne travaillera pas demain comme avant », traduit Jean-Charles Voisin, le directeur des ressources humaines (DRH) France de Jungheinrich, un fournisseur d’équipements industriels. « En vingt-quatre heures, on a basculé 50 % des 1 200 salariés en télétravail. On va continuer le télétravail, tant qu’on n’aura pas fait notre protocole sur les conditions de sécurité sanitaire. »
L’employeur, juridiquement responsable de la santé des salariés, est tenu de mettre en œuvre des « actions de prévention » et des « méthodes de travail et de production garantissant un meilleur niveau de protection », dit le code du travail.
Mais, concrètement, que faire des poignées de portes ? Des machines à café ? Des boutons d’ascenseurs ? A quelle fréquence faut-il nettoyer ? Dans un premier temps, « l’équipe des ressources humaines, la direction générale, le service qualité et sécurité et des salariés représentants des métiers de Jungheinrich listent les questions à résoudre avant de pouvoir faire revenir les personnels sur site », explique M. Voisin.
Organiser la cohabitation des salariés et du Covid-19 peut laisser de nombreux employeurs perplexes. Le secteur du BTP a ainsi arrêté tous les chantiers le 17 mars, pour prendre le temps d’y voir plus clair sur la façon de traduire en acte les termes de « distanciation sociale » et de « gestes barrières ».
Le ministère du travail, soucieux de la reprise de l’activité, a fini par donner un cadre au déconfinement. Le 2 avril, la métallurgie et le BTP ont ainsi publié leurs guides respectifs de « préconisations de sécurité sanitaire ». Le ministère s’attelant, de son côté, à rédiger des fiches métiers, auxquelles peut se référer chaque entreprise. Les portes ? « Si possible, laissez-les ouvertes », répond le document ministériel.
La circulation des salariés est un point épineux
Parmi les entreprises interrogées du 26 mars au 6 avril par l’Association nationale des DRH (ANDRH), 76 % envisagent leur retour dans les entreprises à partir du 11 mai, dans le cadre d’un « plan de reprise », en intégrant de nouvelles pratiques de travail, une nouvelle disposition des locaux, une autre gestion des temps de travail. Et 95 % pratiquent le télétravail depuis la mi-mars. « Le 11 mai, vous n’allez pas pouvoir faire revenir 15 000 personnes d’un coup dans une tour de la Défense, même en divisant les “open spaces” [plateaux] pour pouvoir alterner les salariés et éviter qu’ils se croisent », explique Benoît Serre, vice-président de l’ANDRH.