Jason Furman : « Pour les Etats-Unis, le coût de la dette est nul »

  • 2020-05-17 11:10:39
L’économiste américain relativise, sans nier les problèmes posés, la vision catastrophique que les Européens peuvent avoir des effets de la pandémie aux Etats-Unis. Jason Furman est professeur d’économie politique à la John F. Kennedy School of Government, chercheur au Peterson Institute for International Economics. Il a été l’un des inspirateurs de la politique sociale de Barack Obama, dont il a dirigé, de 2013 à 2017, le comité des conseillers économiques. La réaction des entreprises américaines à la pandémie semble, vue de France, avoir été très violente. L’économie américaine est-elle moins résiliente à ce type de choc ou, au contraire, plus adaptable ? Au cours des sept dernières semaines, quelque 36 millions d’Américains ont effectivement déposé une demande d’allocation-chômage. La plupart d’entre eux travaillaient dans des entreprises qui ont dû fermer dans le cadre de la politique de distanciation sociale. Nous ignorons combien ont été licenciés de façon définitive et combien ont été mis temporairement au chômage partiel ou seront réembauchés quand l’activité reprendra. Si les entreprises repartent d’ici un ou deux mois, elles réintégreront ces employés. Si l’inactivité devait se prolonger, le lien contractuel pourrait se trouver définitivement rompu, et les licenciés contraints de chercher un nouveau travail, ce qui pourrait entraîner une augmentation durable du taux de chômage. Mais, par bien des aspects, le principe de l’assurance chômage américaine ressemble à ce qui se fait dans de nombreux pays européens, quand ils remboursent les employeurs qui continuent de rémunérer leur personnel inactif grâce aux mesures de chômage partiel. L’idée est, dans les deux cas, d’aider les entreprises à réduire de façon radicale leurs coûts variables pendant la période durant laquelle elles perçoivent peu ou pas de revenus. Il s’agit d’éviter les faillites, afin que l’activité puisse reprendre dès que la situation permettra de le faire sans risque. Aux Etats-Unis, les allocations-chômage ont ainsi été fortement revues à la hausse, puisqu’elles ont été augmentées de 600 dollars [553 euros] par semaine, ce qui signifie qu’en général les gens touchent à peu près l’équivalent de leur ancien salaire. Le véritable problème est, en revanche, qu’une fois au chômage de nombreux travailleurs perdent leur assurance santé, jusque-là prise en charge par l’entreprise. Que se passera-t-il si la crise se prolonge ? Beaucoup d’entreprises – depuis les grands magasins tels que Macy’s jusqu’aux petites salles de cinéma indépendantes – pourraient ne pas être en mesure de retrouver la surface qu’elles avaient avant la pandémie.

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