« Une dynamique inquiétante » : sur les autoroutes, l’inattention tue plus que la vitesse excessive
2020-07-24 16:19:33
Quelque 20 % des accidents mortels ont eu pour cause l’inattention, selon le bilan annuel de l’Association des sociétés françaises d’autoroutes publié vendredi.
L’inattention a été, en 2019, la cause d’un accident mortel sur autoroute sur cinq, une part qui a quasi doublé en deux ans, selon le bilan annuel de l’Association des sociétés françaises d’autoroutes (ASFA) publié vendredi 24 juillet, premier jour d’un week-end de grands départs en vacances.
En dépit de drames comme l’accident sur l’autoroute A7 qui a coûté la vie à cinq enfants lundi soir, les autoroutes demeurent de loin le réseau routier le plus sûr : sur 3 244 victimes de la route en France métropolitaine l’an passé, selon la Sécurité routière, 154 sont mortes sur les autoroutes concédées (trois de moins qu’en 2018), d’après les chiffres de l’ASFA, qui regroupe les concessionnaires privés gestionnaires de 9 180 des 12 000 km d’autoroutes françaises. Soit 1,49 accident mortel pour un milliard de kilomètres parcourus (1,55 en 2018), un taux divisé par plus de deux depuis 2000.
Quelque 20 % des accidents mortels ont eu pour cause l’inattention, qui devient le troisième facteur derrière l’alcool, les drogues et médicaments d’une part (21 %), et la somnolence et la fatigue d’autre part (21 %), mais désormais devant la vitesse excessive (16 %).
Surtout, sa part est en constante augmentation depuis deux ans (11,3 % en 2017, 13,6 % en 2018) et, « ce qui est surtout ennuyeux, chez les plus jeunes », explique Christophe Boutin, délégué général de l’ASFA, à l’Agence France-Presse (AFP). « C’est une dynamique inquiétante et un facteur dont on craint qu’il ne prenne encore plus d’importance à l’avenir », ajoute-t-il.
Usage des écrans
Alors qu’ils ne représentent que 17 % des conducteurs sur autoroute, les moins de 35 ans sont à l’origine de 35 % des accidents mortels dus à l’inattention et à l’origine de 28 % de tous les accidents mortels.
Parce qu’ils utiliseraient plus leur téléphone au volant ? En tout cas, l’ASFA pense que l’usage des écrans est « la cause principale » des accidents dus à l’inattention, souligne Christophe Boutin :
« C’est compliqué car les gens, quand ils ont un accident, ne déclarent pas spontanément qu’ils étaient au téléphone, donc on pense qu’il y a un fort biais de sous-déclaration. Mais quand on effectue une enquête spécifique, on voit que certains usages continuent d’augmenter. »
Selon un sondage Harris Interactive pour l’ASFA également publié vendredi, si les Français interagissent moins avec les écrans – téléphone ou GPS – au volant que l’an passé (65 %, − 7 points), ceux qui le font adoptent des comportements plus dangereux.
Ainsi, parmi les utilisateurs de téléphone au volant, 71 % répondent en kit main libre (+ 14 points), 57 % consultent leur téléphone lorsqu’ils reçoivent une notification (+ 12 points) et 42 % répondent ou écrivent un message en tenant le téléphone à la main. « Non seulement il faut rester connecté, mais répondre aux sollicitations tout de suite », relève Christophe Boutin, pour qui « envoyer un SMS mobilise totalement l’attention et prend au minimum quinze secondes, laps de temps lequel on parcourt 500 m à 130 km/h ».
Or, ces comportements dangereux sont particulièrement présents parmi les moins de 35 ans, qui sont huit sur dix à interagir avec des écrans, soit 14 points de plus que la moyenne, ou 24 % à garder leur téléphone à la main en conduisant, contre 3 % pour les plus de 50 ans.