Mediator : trois ans avec sursis requis contre l’ex-sénatrice Marie-Thérèse Hermange
2020-09-20 13:27:51
Des peines de prison avec sursis et des amendes ont aussi été requises contre les autres prévenus du volet « trafic d’influence » du procès, Claude Griscelli et Jean-Philippe Seta.
Le professeur Claude Griscelli, 84 ans, paraissait jeudi 17 septembre plus intéressé par la lecture d’un livre que par l’écoute des réquisitions du ministère public devant le tribunal judiciaire de Paris. La procureure a pourtant expliqué longuement pourquoi elle décidait de requérir contre lui une peine de prison de trois ans avec sursis et une amende de 75 000 euros pour trafic d’influence.
Cet immunologue renommé est soupçonné d’avoir tenté d’influencer la rédaction du rapport de la mission d’information sénatoriale sur le Mediator dans un sens favorable au médicament, dont la toxicité faisait déjà l’objet de controverses. Il était alors consultant rémunéré depuis une dizaine d’années pour le groupe Servier, touchant près de 90 000 euros par an, depuis 2007. Une rémunération forfaitaire pour des prestations intellectuelles variées qui, selon le parquet, permettait au laboratoire d’avoir sur lui un « droit de tirage ».
Or, a rappelé la procureure de la République, M. Griscelli avait informé ses « amis » de chez Servier qu’il connaissait personnellement la sénatrice UMP (Union pour un mouvement populaire, devenu Les Républicains depuis) Marie-Thérèse Hermange à qui avait échu le rôle de rapporteur de la mission d’information sur le Mediator. Et l’enquête a permis d’établir que M. Griscelli a échangé à de nombreuses reprises avec Mme Hermange au cours de la mission d’information.
Les échanges avec M. Griscelli tenus secret
Dans le même temps, il échangeait avec plusieurs hauts cadres du groupe pharmaceutique dont son numéro deux d’alors, Jean-Philippe Seta. Et cela à des moments-clés de la mission d’information : avant et après les auditions des cadres de Servier, mais aussi lors des dernières modifications du rapport sénatorial. Mme Hermange opérait, selon l’accusation, comme « un relais conscient des suggestions de Claude Griscelli (…) dans un sens favorable au groupe Servier ».