La police judiciaire dessaisie dans l’enquête sur la bande corse du Petit Bar

  • 2020-10-07 14:26:48
La juge d’instruction, qui n’aurait pas été informée d’erreurs de procédures dans cette opération antimafia, a transmis le dossier à la gendarmerie. C’est un coup de théâtre qui risque de fragiliser une opération antimafia corse prometteuse. Une semaine après avoir lancé, le 28 septembre, un vaste coup de filet contre la bande du Petit Bar et son chef, Jacques Santoni, présenté comme le parrain de Corse-du-Sud, la juge d’instruction Anaïs Trubuilt, attachée à la juridiction spécialisée de Marseille contre le crime organisé (JIRS), vient de dessaisir la police judiciaire au profit de la gendarmerie. Selon nos informations, des erreurs de procédures commises dans cette enquête, qui n’auraient pas été rapportées à la juge d’instruction, ont brutalement entamé la confiance entre la justice et la police. Ce désaveu spectaculaire constitue un sérieux coup d’arrêt après deux ans d’une enquête pourtant productive sur la tentative d’assassinat de Guy Orsoni, une figure criminelle insulaire, et sur des soupçons de blanchiment. Tout a débuté, en 2017, par la sonorisation de l’appartement parisien de Jacques Santoni, en face du jardin du Luxembourg, rive gauche. Une enquête est ouverte sur des faits de blanchiment, notamment après l’écoute de discussions laissant entendre que les murs du domicile pourraient servir de cache pour d’importantes sommes en espèces. Les filatures et les écoutes, en Corse et à Paris, ont duré des mois, les enquêteurs cherchant à identifier l’origine des revenus illicites et les moyens de les blanchir. Lire aussi Tentative d’assassinat de Guy Orsoni : mise en examen du chef présumé de la bande du Petit BarTout s’est accéléré le 13 septembre 2018. Ce jour-là, deux hommes à moto tentent de tuer une figure concurrente du crime ajaccien, Guy Orsoni, fils de l’ex-dirigeant nationaliste corse Alain Orsoni, qui parvient à en réchapper grâce à son 4 × 4 Mercedes blindé. Sous sa voiture, les policiers découvrent une balise, cet outil de surveillance utilisé par la justice pour suivre les déplacements de suspects à leur insu. Il apparaît rapidement qu’elle a été posée par un groupe criminel et qu’elle fait partie d’un lot de trois balises. La première a donc été apposée sous le véhicule de Guy Orsoni. La deuxième a été manipulée par les piliers du Petit Bar. Il est en effet établi qu’elle a été activée dans la maison d’André, dit « Dédé », Bachiolelli, en bordure d’Ajaccio. Elle est également localisée à l’aéroport d’Ajaccio, alors que Jacques Santoni y transite, ainsi qu’à son domicile. L’analyse montre qu’elle est passée chez un autre homme, Ange-Marie Gaffory, appartenant à un groupe criminel satellite du Petit Bar agissant dans la région de Cargèse-Sagone. Enfin, les enquêteurs vont peiner à identifier les utilisateurs de la troisième.

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