A Angers, les musulmans se divisent sur la cession de la mosquée au Maroc

  • 2020-10-25 13:33:24
Le Maroc a accepté de financer la construction de la grande mosquée en échange d’un transfert de propriété. Une cession qui révulse les anciens présidents de l’Association des musulmans d’Angers. « C’est la plus grande trahison qu’on ait connue. La communauté musulmane d’Angers, c’est 14 nationalités différentes. Notre patrimoine est angevin et il doit le rester. » Salah Chaffoui fut le premier président de l’Association des musulmans d’Angers, en septembre 1980. Aujourd’hui, il fait partie de ceux qui s’opposent à la cession de la grande mosquée en construction au ministère des habous et des affaires islamiques du royaume marocain. Pour faire entendre leur voix, le collectif des anciens présidents a décidé, ce vendredi 23 octobre, de perturber la grande prière du vendredi. Plantés devant l’entrée de cette mosquée aménagée il y a vingt ans dans d’anciens abattoirs, ils ont brandi des banderoles et tenté de mobiliser les croyants. Le chantier de la future mosquée, dont la construction a déjà englouti 2,3 millions d’euros depuis 2016, avance au ralenti et les dons des fidèles se raréfient à mesure que le doute grandit sur leur destination. Le président de l’association, Mohamed Briwa, était donc ravi d’annoncer fin août que le Royaume du Maroc acceptait de financer les 4,5 millions d’euros manquants, en échange d’un transfert de propriété. Un casse-tête C’était sans compter sur la fronde des anciens que cette cession révulse. Ils estiment de leur côté qu’un million d’euros suffirait pour terminer l’édifice et s’inquiètent de perdre le contrôle de la mosquée dont ils rêvent depuis quarante ans. « Avant de construire des murs, il faut construire des cœurs pour un islam modéré, avec un vrai imam qui dialogue en français. Sinon, les jeunes, ils vont voir sur Google et ils tombent sur des prédicateurs daechiens », prévient Salah Achbani. « Cette cession, c’est du gagnant-gagnant, une occasion unique pour les musulmans d’Angers », répond Mokhtar Hédia, le porte-parole de l’association. « Le Maroc n’est pas un pays fantôme, le royaume entretient d’étroites relations avec la France et respecte la laïcité. Et puis, là où il intervient, il n’y a plus de querelles », ajoute Mohamed Briwa.

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