Paris espère pouvoir enfin créer sa police municipale
2020-11-05 17:40:09
Les macronistes sont désormais prêts à autoriser la police de 3 200 agents souhaitée par la maire socialiste, Anne Hidalgo. Elle n’aura pas d’armes à feu.
Plus de 3 200 agents en uniforme bleu, avec à la ceinture de certains un bâton de défense, des menottes et une bouteille de gaz lacrymogène. A Paris, la police municipale souhaitée par la maire socialiste, Anne Hidalgo, semble en passe de voir le jour.
Après avoir bloqué le projet pendant un an, pour ne pas faire de cadeau à une adversaire politique en pleine campagne électorale, les macronistes sont désormais prêts à modifier la loi conformément aux demandes de la Mairie. Le changement nécessaire a été intégré dans la proposition de loi sur la sécurité présentée par le député (La République en marche, LRM) Jean-Michel Fauvergue, dont le gouvernement souhaite le vote de façon accélérée. Une fois ce texte adopté, la police parisienne devrait très vite être créée, et constituer d’emblée la plus importante force municipale de France.
« Nous sommes globalement satisfaits de ce texte, qui va nous permettre de concrétiser notre engagement de campagne, indique Nicolas Nordman, l’adjoint d’Anne Hidalgo chargé de la sécurité. Nous souhaitons que la loi soit votée et promulguée au plus vite. »
« Le problème numéro un »
Longtemps, les socialistes au pouvoir à Paris, et Anne Hidalgo elle-même, ont refusé avec vigueur de créer une police municipale, une mesure sécuritaire qui coïncidait mal avec les valeurs humanistes de la gauche sociale-démocrate. Mais, au fil des ans, la Mairie s’est retrouvée soumise à une triple pression. Depuis le début des années 1980, de plus en plus de villes se sont dotées de forces municipales. Parti de communes de droite, surtout dans le sud de la France, le phénomène s’est progressivement généralisé. Le Mans, Nanterre et Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) ont fini par sauter le pas. Parmi les villes de plus de 100 000 habitants, seules Brest (Finistère) et Paris n’ont pas encore leur propre police. Un particularisme délicat à défendre.
D’autant qu’à Paris les problèmes de sécurité se sont accrus ces dernières années, en particulier dans les arrondissements populaires du nord-est, qui cumulent les difficultés : pauvreté, camps de migrants, prostitution, trafics divers, etc. « La lutte contre la drogue s’est révélée un échec complet, des quartiers entiers sont aux mains de bandes, se désespère en privé un autre adjoint de Mme Hidalgo. C’est le problème numéro un à Paris. »