« Toute ma scolarité, j’ai beaucoup travaillé. Le Covid-19 me vole ce moment unique dans une vie » : deux années noires de terminale
2020-11-18 02:21:56
Entre la réforme du bac, les grèves et l’épidémie de Covid-19, des lycéens interrogés par « Le Monde » se considèrent parfois comme une génération « sacrifiée ».
Après bientôt « deux années d’incertitudes permanentes » en classe de 1re puis de terminale, Alexandre essaie, désormais, de prendre avec philosophie la fin de sa scolarité dans son lycée de Versailles : « Honnêtement, je ne stresse plus. Je me prépare au pire, et je m’attends au mieux, en fonction des scénarios possibles. » Comme tous ses camarades, le jeune homme de 17 ans a appris, le 5 novembre, le renforcement du protocole sanitaire dans les lycées, la réduction des cours en « présentiel » à 50 % du temps et surtout l’annulation des épreuves d’évaluation communes du nouveau bac.
Cette adaptation fut un soulagement pour les uns et un énième rebondissement inquiétant pour les autres élèves de cette « génération test », selon la formule d’Alexandre. Génération « sacrifiée », « cobayes », osent même d’autres adolescents de la série générale et technologique lorsqu’ils décrivent au Monde, après un appel à témoignages, « le flou » dans lequel ils naviguent depuis septembre 2019, lorsqu’ils ont inauguré la réforme du lycée et du baccalauréat.
Sans remettre en question le fond de cette refonte du lycée qui a ouvert aux élèves le champ des possibles avec la fin des séries S, ES, L et l’instauration de nouveaux choix d’enseignements de spécialité, Maïa, lycéenne de 17 ans à Libourne (Gironde), se souvient amèrement des conditions dans lesquelles elle a été lancée. « Le stress avait commencé dès la fin de la seconde lorsqu’on a dû choisir parmi les nouvelles spécialités sans vraiment savoir les “associations” qu’on pouvait se permettre, à quelles études supérieures elles menaient, etc. En plus, on avait suivi l’ancien programme de seconde, qui n’était pas adapté à la réforme… »