Pédagogie immersive : dans l’école Diwan de Rennes, « le breton n’est que du “plus” »
2021-06-09 03:11:12
La pédagogie immersive, dans laquelle les élèves ont cours presque intégralement dans une langue autre que le français, a été jugée « inconstitutionnelle » par le Conseil constitutionnel, le 21 mai. De quoi parle-t-on ?
Dans la cour de récréation, une partie des CM1 et CM2 de l’école Diwan de Rennes profitent de la pause ensoleillée autour d’une partie de foot originale. Deux équipes, garçons et filles mélangés, deux ballons… « Les élèves ont inventé les règles eux-mêmes, commente Pascale Perrin, leur professeure. Ils trouvent ça plus intéressant qu’avec une seule ba… » Elle s’arrête net pour sermonner un élève grimpé à un arbre, « Christiano, diskenn ! » (« descends ! »), et répondre à un autre qui demande dans un breton presque courant : « Gallout a ran mont d’ar privezioù ? » (« je peux aller aux toilettes ? »).
Deux ballons donc, pourquoi pas, à l’image de ces deux langues avec lesquelles les 160 élèves de l’école, répartie sur deux sites, jonglent ici de la maternelle jusqu’au CM2 : le français reste à la maison, la majorité des familles étant non « bretonnantes », et le breton le remplace quasi intégralement en classe, dans les cours de maths, d’histoire-géo, de sport, à la cantine, à la récré et même pendant les activités périscolaires.
Bref : « Ici, le breton est la langue d’usage et d’enseignement partout à l’école », résume Pascale Perrin, selon le principe de la « pédagogie immersive » qui, contrairement à l’enseignement bilingue, ne vise pas la parité horaire entre les deux langues. Là est la marque de fabrique du réseau Diwan (« germer », « sortir de terre » en breton) fondé en 1977 et fort de plus de 4 050 élèves, 48 écoles, 6 collèges (dont un collège-lycée) et un lycée. Tous ou presque sont des établissements privés (associatifs) sous contrat avec l’Etat, dispensant un enseignement laïque et gratuit.