Après la sanction disciplinaire, les poursuites pénales. Fin 2019, l’avocat Alex Ursulet avait été radié par le conseil de discipline du barreau de Paris – le pénaliste conteste cette décision et la cour d’appel de Paris se prononcera sur le sujet le 20 janvier 2022. Jeudi 9 décembre, Me Ursulet, 64 ans, a été mis en examen pour « viol par personne ayant autorité », a appris Le Monde, confirmant une information de Mediapart.
Les ennuis judiciaires de celui qui fut le conseil du tueur en série Guy Georges et de l’ancien ministre et maire de Grenoble Alain Carignon remontent au 25 septembre 2019.
Ce jour-là, une jeune avocate dépose plainte contre le pénaliste, elle dénonce des faits de viol et de harcèlement sexuel.
Selon le récit de la plaignante, les faits datent du 30 janvier 2018, alors qu’elle était en stage chez Me Ursulet. Le pénaliste l’aurait, au cours d’un déjeuner au restaurant, interrogé sur ses pratiques sexuelles, affirme-t-elle. Avant, à leur retour au cabinet de l’avocat, de l’embrasser, lui lever sa robe, baisser sa culotte et la pénétrer avec les doigts à plusieurs reprises.
Incapable de retourner travailler le lendemain, la jeune femme démissionne par e-mail. Me Ursulet a toujours contesté ces accusations.
Entendu en garde à vue en juin 2020, l’avocat en était ressorti sous le statut de témoin assisté. Il assure que c’est lui qui voulait mettre un terme à la convention de stage de la jeune femme, qui aurait voulu se venger. Ayant fait appel de sa radiation, il exerce encore actuellement.
« Manipulation, domination, harcèlement »
Le conseil de discipline du barreau de Paris, après plus de sept mois d’enquête en 2019, n’avait pas été convaincu par les arguments de Me Uruslet, notant que « toutes ses tentatives d’explications ont été démenties tant par les témoins auditionnés, même lorsqu’ils étaient à décharge (…), que par les pièces versées au dossier ».
Dans son arrêt du 31 décembre 2019, l’instance estimait que l’avocat, par ailleurs auteur de SMS douteux envoyés à la jeune femme, avait manqué aux principes de sa profession et « adopté un comportement inapproprié vis-à-vis d’une stagiaire, ce qui s’est manifesté par une manipulation, une domination, un harcèlement, aux fins de procéder à des agissements de nature sexuelle suffisamment graves pour ne pas être dévoilés par M. Alex Ursulet mais masqués par des propos incohérents et mensongers ».
Contacté par Le Monde, Me Thibault Laforcade, défenseur de la plaignante, voit dans cette mise en examen « la suite logiquement attendue dans ce dossier ». « Rien ne justifie cette mise en examen », estime en revanche Me Marie Burguburu, conseil du pénaliste, citée par Mediapart. « L’avantage, ajoute-t-elle, c’est qu’elle donne à la défense d’Alex Ursulet des droits qu’elle n’avait pas avant sous le statut de témoin assisté. »