Les mystères du cargo « Trudy », arraisonné au large de Dunkerque avec plus d’une tonne de cocaïne à bord
2022-02-08 05:38:15
En octobre 2021, les douaniers ont trouvé cette cargaison à bord de ce vraquier battant pavillon libérien. Les enquêteurs tentent de remonter la piste du trafic.
Ce n’est pas au Havre (Seine-Maritime) mais à Dunkerque (Nord) que l’une des plus importantes saisies de cocaïne – 1,127 tonne – a été réalisée, fin 2021. En provenance du Brésil, le cargo Trudy, battant pavillon libérien, convoie officiellement plusieurs milliers de tonnes d’argile à destination d’Anvers. Le 1er octobre, en milieu de journée, il est arraisonné dans les eaux françaises par les douanes de Dunkerque. Sur la base d’une information fournie par la DEA (Drug Enforcement Administration), l’agence antidrogue américaine, les services français soupçonnent qu’il abrite 3 tonnes de cocaïne d’une valeur marchande supérieure à 120 millions d’euros.
Le mauvais temps interdisant toute intervention en mer, il est décidé de le dérouter vers le port de Dunkerque, troisième port français, derrière Le Havre et Marseille. A 40 kilomètres de l’Angleterre, 20 kilomètres de la frontière belge, et près de 80 kilomètres de la métropole lilloise, ses 7 000 hectares voient passer, chaque année, plus de 463 000 conteneurs – l’équivalent de 45 millions de tonnes de marchandises. Situé sur la mer du Nord, à quelques milles de la route maritime la plus fréquentée du monde, il constitue, lui aussi, une place stratégique pour les trafiquants de cocaïne.
Le renseignement américain se révèle concluant : 40 ballots de plus de 25 kilos de cocaïne sont découverts dans une cache aménagée dans le gymnase du navire. Ils sont aussitôt saisis.
L’équipage, composé de marins roumains, russes, philippins et éthiopiens, est placé en retenue douanière et le vraquier Trudy est mis sous main de justice. Mais, le 11 octobre, au milieu de la nuit, plusieurs hommes encagoulés et gantés, porteurs pour certains de vêtements siglés « police », pénètrent sur le bateau. Dans un anglais approximatif, ils demandent à être conduits vers une porte du navire dont ils possèdent la photo sur un téléphone. Les vingt membres du nouvel équipage, qui attendaient de pouvoir reprendre la mer, sont entravés au moyen de colliers de serrage Serflex. Certains sont frappés.
Rebondissement rocambolesque
Cette irruption nocturne n’est en rien l’œuvre des forces de l’ordre.
L’équipe de malfaiteurs paraît convaincue qu’il reste de la cocaïne à bord que les douaniers n’ont pas trouvée. La DEA n’avait-elle pas parlé d’une quantité de 3 tonnes ? A 5 h 30, défiant sans difficultés la sécurité du port, ils décident finalement de quitter les lieux sans avoir trouvé cette marchandise supposée. Et l’équipage prévient aussitôt la gendarmerie maritime.
Quelques jours plus tard, le Trudy est autorisé à reprendre sa route.
Mais, le 26 octobre, les douaniers hollandais décident de l’inspecter à nouveau et trouvent à leur tour plus d’une demi-tonne de cocaïne dissimulée dans les soutes au milieu de 3 800 tonnes de vrac. A qui était-elle destinée ? Mystère.