Entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, des programmes profondément divergents sur la justice
2022-04-19 02:18:56
La candidate du Rassemblement national à l’élection présidentielle 2022 remet en question le droit européen et prône le tout-répressif, tandis que le président sortant affiche un programme plus clair sur l’Etat de droit mais moins précis sur le reste.
C’est peu dire que les programmes d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen en matière de justice ne se ressemblent pas. Deux conceptions de l’Etat de droit, deux conceptions de la justice et de son rôle dans la lutte contre la délinquance s’affrontent pour le second tour de la présidentielle, le 24 avril.
L’histoire des candidatures des deux finalistes du scrutin se retrouve dans leur programme. Très détaillé chez la candidate du Rassemblement national (RN), lapidaire chez le président sortant.
M. Macron, qui avait imaginé une campagne électorale plus longue, permettant de rentrer dans le détail de ses propositions pour un second mandat, avait fait plancher depuis l’été Eric Thiers. Ex-conseiller de Nicole Belloubet au ministère de la justice, ce spécialiste des questions constitutionnelles est secrétaire général du Haut-Commissariat au plan auprès de François Bayrou depuis septembre 2020. Il a travaillé dans l’ombre à un projet qui n’aura pas été mis sur le devant de la scène.
L’ancienne ministre de la justice Elisabeth Guigou et le député (La République en marche) de Côte-d’Or Didier Paris, ancien magistrat, ont été appelés par le président de la République, en décembre 2021, pour intégrer son équipe chargée du volet justice de la campagne. Mais avec pour objectif de labourer le terrain de la société civile et des professionnels du droit et de la justice pour faire remonter les idées et convaincre que le président sortant est à leur écoute.
Du côté de Mme Le Pen, le volet justice du programme a été confié à un vieux routier de la justice et des campagnes électorales. Jean-Paul Garraud, 66 ans, était dans l’équipe de François Fillon lors de l’élection présidentielle de 2017. Magistrat, militant puis président depuis 2012 de la très droitière Association professionnelle des magistrats, il s’était lancé dans une carrière de député en 2002 sous la bannière de l’Union pour un mouvement populaire. Il a quitté ce parti, devenu Les Républicains, pour rejoindre Mme Le Pen en 2019 et s’est fait élire député européen sur la liste du Rassemblement national.