En Ethiopie, la grande fête orthodoxe de Timkat à l’heure des tensions religieuses
2020-01-22 18:51:14
La sécurité a été renforcée à Gondar pour la célébration alors que les attaques à caractère religieux ont redoublé en 2019 dans tout le pays.
Vert, jaune, rouge. Les trois couleurs du drapeau éthiopien pavoisaient, dimanche 19 et lundi 20 janvier, les rues de Gondar, en région Amhara, pour la fête orthodoxe de Timkat. Des dizaines de milliers de pèlerins convergent chaque année vers l’ancienne capitale du royaume chrétien d’Abyssinie pour cette célébration inscrite en 2019 par l’Unesco au patrimoine immatériel de l’humanité. Les fidèles ont passé la nuit, éclairés à la bougie, autour du bain de Fassilidas, construit au XVIIe siècle, avant de commémorer le lendemain le baptême du Christ dans le Jourdain en s’aspergeant d’eau bénite ou en s’immergeant dans le bassin.
Ce rituel se déroulait dans un contexte particulier. Le 17 janvier, la télévision officielle annonçait que les services de renseignement éthiopiens avaient déjoué une attaque visant Gondar, saisissant des grenades et des munitions sans donner plus de précisions sur les suspects. Le temps des festivités de Timkat, des troupes régionales et milices locales avaient été déployées sur les routes périphériques et en centre-ville. In fine, si la célébration a été endeuillée, lundi, par l’effondrement d’une tribune qui a fait au moins dix morts et une centaine de blessés, elle n’aura eu à déplorer aucune action violente.
En revanche, dans l’est du pays, la grande fête a été ternie par des troubles liés à ce même drapeau vert, jaune, rouge. Un symbole à la fois religieux et politique tant il est lié à l’ancien empire à dominante amhara – les nationalistes de la communauté oromo parlent de l’étendard « de Menelik II », fondateur de l’Ethiopie moderne à la fin du XIXe siècle.