L’accession problématique de Federica Mogherini à la tête du Collège d’Europe, à Bruges

  • 2020-05-17 10:54:49
L’institution, en partie financée par la Commission, est accusée de se prêter à un « pur copinage » en acceptant la candidature de l’ancienne haute représentante au poste de rectrice. L’ambiance est soudain électrique au sein du très feutré et très chic Collège d’Europe, à Bruges, cette pépinière où des universitaires triés sur le volet viennent s’initier aux fonctions de responsabilités qu’ils aspirent à exercer dans « l’eurocratie » bruxelloise, ou dans leur pays. La succession du recteur, l’Allemand Jörg Monar, agite beaucoup la prestigieuse institution depuis qu’une candidate inattendue, Federica Mogherini, ancienne haute représentante de l’Union, est entrée dans le jeu. Jeudi 14 mai, le conseil académique du Collège a approuvé sa candidature, appuyée par un comité de sélection. Il a donc ouvert la voie à la nomination, en juin, de l’ex-ministre italienne des affaires étrangères. Celle-ci devrait exercer la fonction jusqu’en 2025, malgré les vives critiques émises par des professeurs, des anciens élèves, des hauts fonctionnaires et certains eurodéputés. Tous s’insurgent contre ce qu’ils estiment être une entorse aux règles de l’institution, une manœuvre politicienne, voire du « pur copinage ». Herman Van Rompuy, ex-président du Conseil européen et ancien premier ministre belge, est particulièrement ciblé. Il exerce la présidence du conseil d’administration et est accusé d’avoir écarté tous les autres candidats au profit de Mme Mogherini. Une trentaine de personnalités issues du monde académique avaient déposé leur dossier avant la date limite du 30 septembre 2019. Cinq ont été auditionnées, mais aucune n’a été jugée capable d’exercer la fonction. Un bagage plutôt léger Le 30 avril 2020, Mme Mogherini était, à son tour, entendue par visioconférence : le cercle des candidats avait été élargi pour elle seule et elle avait, entre-temps, obtenu l’aval de la Commission, nécessaire pour assumer un tel poste après qu’elle a exercé la fonction de vice-présidente du collège bruxellois. Un rapport confidentiel du comité de sélection établi par M. Van Rompuy et lu par Le Monde a clairement indiqué l’opinion très favorable du président et de ses dix collègues, dont Ewa Osniecka-Tamecka, vice-rectrice et responsable du campus de Natolin, en Pologne, l’autre lieu d’implantation du Collège. Le document précise que, « de tous les candidats, Mme Mogherini offrait indubitablement la meilleure combinaison des qualités nécessaires à diriger le Collège ». Dès lors, « aucune autre candidature ne devra être reconsidérée ». On peut aussi lire dans ce rapport que l’intéressée est « très motivée » et affiche « une excellente compréhension des spécificités » du Collège.

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