Liban: Beyrouth tente de panser les plaies des explosions du 4 août

  • 2020-08-28 15:49:18
Le Liban est plongé depuis des mois dans une crise économique sans précédent, sur fond de blocage politique. Ce tableau s’est encore assombri avec les terribles explosions du 4 août sur le port de Beyrouth. Jeudi 27 août, la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, est venue promettre le soutien de son organisation. « Le risque, aujourd’hui, c’est la disparition du Liban », a rappelé Jean-Yves le Drian, sur RTL jeudi 27 août. Le ministre français des Affaires étrangères a appelé une nouvelle fois à la formation d'un gouvernement et à des réformes dans un pays en grande souffrance. Au port de Beyrouth, des enchevêtrements de ferraille et de béton rappellent combien l'endroit a été ravagé par l’explosion d’un stock de nitrate d’ammonium le 4 août dernier. Au moins 180 personnes sont décédées dans la capitale. L'UNESCO promet d'aider un système éducatif détruit Dans les quartiers avoisinants, les dégâts sont spectaculaires, notamment dans cette école publique numéro 3 du quartier d’Achrafieh, qu’une délégation officielle a visité jeudi 27 août. La directrice générale de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’Education la Science et la Culture), Audrey Azoulay, a traversé la cour encore jonchée de verre, avant de monter dans les étages où des portes arrachées et des murs enfoncés laissent apparaître des salles de classes en piteux état. Au tableau, des phrases en arabe : les mots des enseignants ont résisté au souffle de l’explosion, mais il faudra du temps et d’importants travaux pour que des élèves puissent de nouveau s’asseoir à leurs pupitres. Au total, 159 écoles publiques et privées sont endommagées ou détruites à Beyrouth, ce qui affecte 85 000 enfants. Les dégâts sont estimés à au moins 22 millions de dollars. « C’est par l’école et seulement par l’école que se construit une nation et se construit le futur d’un pays comme le Liban, comme tous les autres » a rappelé Audrey Azoulay en s’adressant aux journalistes sur le toit de l’école, avec le port dévasté comme décor. L’UNESCO va désormais tenter de réunir une aide qualifiée de « considérable » pour le soutien au système scolaire mais aussi au patrimoine culturel endommagé à Beyrouth. Des conférences internationales vont être organisées sur ce thème dans les prochaines semaines, sachant que le système éducatif libanais était déjà fragilisé par la crise économique et par l’épidémie de Covid-19, qui frappe ici comme ailleurs. « On a fait le travail de l’État ! » La communauté internationale se mobilise pour le Liban, mais nombreux sont les habitants de Beyrouth qui sont encore actifs dans les rues de leur ville ces jours-ci. C’est le cas notamment dans les quartiers de Gemmayzeh et de Mar Mikhael, où des groupes de Libanaises et de Libanais, généralement jeunes, s’organisent pour proposer de l’entraide. L’ONG Beitna Beitak (« Notre maison est ta maison ») répare des fenêtres et des portes. D’autres groupes collectent des dons, se procurent des denrées, livrent des colis de nourriture. La plupart de ces groupes existaient avant le 4 août, et bien souvent, ces volontaires manifestaient ces derniers mois contre leurs dirigeants. « Maintenant, tout le monde aide, mais dans un mois, l’hiver arrive », se projette une habitante de Beyrouth, qui passe ses journées dans le village de tentes où sont regroupées ces bénévoles. « On a fait le travail de l’État, s’exclame-t-elle. Le lendemain de l’explosion, nous étions dans la rue à déblayer et à s’occuper des gens et les forces de sécurité nous regardaient. »

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