A la tête de l’Union africaine, l’Egypte veut se réengager sur la scène continentale

  • 2019-02-11 21:36:32
Le Caire devrait mettre l’accent sur la lutte antiterroriste, la question migratoire, le développement et l’intégration économique. L’année 2019 sera résolument africaine pour l’Egypte. Alors que le pays se prépare à accueillir fin juin la Coupe d’Afrique des nations, le président Abdel Fattah Al-Sissi entame, les 10 et 11 février, à Addis-Abeba, en Ethiopie, sa présidence à la tête de l’Union africaine (UA). « Notre travail doit se poursuivre pour améliorer la paix et la sécurité en Afrique d’une manière holistique et durable », a-t-il appelé, dimanche 10 février, depuis le siège de l’UA. Cette année devrait lui offrir l’opportunité de concrétiser son réengagement sur la scène africaine et de restaurer l’influence politique et économique de l’Egypte, après des décennies d’éloignement de ses partenaires africains. « Son ambition pour l’Union africaine est très politique : elle veut montrer qu’elle est capable de réussir une présidence sur la résolution des crises et un agenda très commercial », estime un diplomate occidental. Si l’Egypte devrait mettre l’accent sur la lutte antiterroriste, la question migratoire, le développement et l’intégration économique, elle est moins attendue en revanche sur la réforme de l’UA. Une « diplomatie des sommets »Depuis son arrivée au pouvoir en qualité d’homme fort de l’armée en 2013, puis comme président dès 2014, Abdel Fattah Al-Sissi s’est appliqué à restructurer la politique africaine de l’Egypte. Le fossé s’était creusé avec le continent. Alors que Le Caire était davantage tourné vers le monde arabe et l’Occident depuis la présidence d’Anouar Al-Sadate (1970-1981), M. Sissi a renoué avec une « diplomatie des sommets », boudée par l’ancien dictateur Hosni Moubarak (1981-2011), après une tentative d’assassinat contre sa personne à Addis-Abeba en 1995. En trois ans, le chef d’Etat égyptien a effectué 21 visites en Afrique – sur 69 à l’étranger – et organisé 112 réunions et sommets avec de hauts responsables africains, notamment sur les questions économiques, rapportait en août 2017 l’organisme général de l’information. « Le président Sissi est sérieux sur l’Afrique car il y a un enjeu de stabilité politique interne et de sécurité nationale, ainsi que de légitimation », analyse Yasmine Farouk, chercheuse associée au centre Carnegie. Les bouleversements intervenus dans le pays et la région, dès 2011, ont rendu ce recentrage inévitable. « La profondeur stratégique de l’Egypte est en Afrique et ses intérêts ont été menacés à plusieurs égards : la question des eaux du Nil, la situation sécuritaire dans la mer Rouge et la menace terroriste à la frontière avec la Libye », explicite Amira Abdel-Halim, du Centre des études politiques et stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. La perte d’influence de l’Egypte en Afrique et la présence militaire et stratégique accrue de ses rivaux régionaux – pays du Golfe, Turquie, Israël – ont mis en échec sa politique traditionnelle aux accents hégémoniques, perçue comme arrogante en Afrique car tournée vers ses seuls intérêts. AFP.

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