La monnaie du Yémen tombe à des plus bas historiques, aggravant le risque de famine
2021-07-13 20:08:21
La monnaie yéménite, le riyal, est tombée à des creux historiques ces derniers jours, constituant une nouvelle menace pour le pays déchiré par la guerre qui est déjà au bord de la famine.
Dans la capitale du sud contrôlée par le gouvernement, Aden, le dollar se négocie à plus de 1 000 riyals, le taux le plus élevé depuis le début de la guerre en 2014, lorsque les rebelles houthis soutenus par l'Iran se sont emparés de la capitale du nord, Sanaa.
La monnaie a perdu environ six pour cent dans le sud au cours des trois dernières semaines. Pendant ce temps, le riyal se négocie à environ 600 riyals pour un dollar dans les zones contrôlées par les rebelles, qui s'étendent sur une grande partie du nord du pays.
Une source à la banque centrale d'Aden a déclaré à l'AFP qu'elle prenait des mesures pour soutenir la monnaie, dans un contexte de mécontentement social croissant dans les zones contrôlées par le gouvernement, qui est soutenu par une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite.
"Les équipes d'inspection affiliées à la banque centrale yéménite, en coopération avec les procureurs et la police, mènent une vaste campagne contre les manipulateurs de taux de change", a déclaré la source.
Les Yéménites s'insurgent déjà contre le coût élevé de la vie dans un pays où plus de 80 pour cent de la population dépend de l'aide internationale.
Le Yémen, l'un des pays les plus pauvres du monde, traverse ce que les Nations Unies appellent la pire crise humanitaire au monde.
La famine pourrait faire partie de la "réalité" du pays en 2021, a déclaré à l'AFP le chef du Programme des Nations Unies pour le développement, Achim Steiner, en mars, après qu'une conférence de donateurs a permis de récolter 1,7 milliard de dollars d'aide au pays, soit la moitié seulement de son objectif.
L'ONU a également souligné que la crise du Yémen est une "famine de revenus" où la nourriture est inabordable, plus qu'une situation où la nourriture n'est pas disponible.
L'économiste yéménite Mostafa Nasr a déclaré que la baisse du riyal était due à l'escalade de la violence dans certaines parties du Yémen, y compris une bataille acharnée pour la ville de Marib, le dernier territoire du gouvernement dans le nord.
"Une politique monétaire unifiée est une priorité pour parvenir à la stabilité du riyal yéménite", a déclaré à l'AFP Mostafa Nasr.
Les Huthis ont créé leur propre banque centrale à Sanaa et cherchent à renforcer leur indépendance monétaire et financière.