Syrie: même privé de territoire, le groupe Etat islamique reste une menace
2019-03-24 22:26:44
Quatre ans et demi après avoir proclamé à Mossoul, un califat qui couvrait à son apogée le tiers de l’Irak et la moitié de la Syrie, le groupe Etat islamique ne contrôle plus aucune ville et village dans les deux pays. Le dernier réduit de Baghouz, à l’est de l’Euphrate, a été pris ce samedi par la coalition arabo-kurde, après une bataille commencée le 10 septembre dernier. Mais la fin territoriale du califat signifie-t-elle pour autant que le groupe Etat islamique ne représente plus un danger ?
Même si le califat n’existe plus sur le plan territorial, la capacité de nuisance du groupe Etat islamique reste importante. L’organisation extrémiste est présente dans le désert de la Badia, à l’ouest et au sud de l’Euphrate, dans une zone de plusieurs milliers de kilomètres carrés, truffée de grottes et de repères aménagés ces trois dernières années.
Le nombre de combattants actifs dans cette région serait de plusieurs centaines, peut-être plus, comme en atteste l’importance des attaques qu’ils lancent contre l’armée syrienne et ses alliés dans un secteur s’étendant de la ville de Sokhna, au nord-est de la cité antique de Palmyre, à la localité de Boukamal à la frontière avec l’Irak. Se déplaçant par petits groupes, ils ont mené des dizaines d’attaques contre des positions isolées des troupes gouvernementales depuis le début de l’année.
Il ne faut pas oublier non plus les cellules dormantes implantées dans les villes et villages qui faisaient partie du califat et qui peuvent être activées à tout moment comme en témoigne l’attentat contre un restaurant fréquenté par les soldats américains à Manbij, le 16 janvier.
Le silence d'al-Baghdadi
Le chef de l’EI, Abou Bakr al-Baghdadi, est l’un des hommes les plus recherchés de la planète. Il est toujours en liberté, mais sa marge de manœuvre est très réduite. Le dernier message audio du calife auto-proclamé date d’août 2018. Il appelait ses partisans à poursuivre la lutte. Depuis, c’est le silence total.
Selon le quotidien Al-Arabi al-Jadid, financé par le Qatar, Abou Bakr al-Baghdadi est passé par Baghouz, mais il n’y serait pas resté longtemps. Il se trouverait dans l’est de la Syrie, après plusieurs tentatives infructueuses de traverser la frontière pour se rendre dans la région d’al-Anbar, en Irak.
Citant une source de sécurité irakienne, le journal précise que le chef jihadiste s’est raccourci la barbe, a changé la couleur de ses cheveux et aurait pris beaucoup de poids à cause de son manque de mouvement au cours des deux dernières années.
AFP.