Egypte: la réforme constitutionnelle prolongeant la présidence d'al-Sissi jusqu’en 2030 approuvée à 88,83%
2019-04-25 23:17:42
La réforme constitutionnelle permettant la prolongation de la présidence d'Abdel Fattah al-Sissi (photo) jusqu’en 2030 a été approuvée par référendum à 88,83 %, selon l'Autorité nationale égyptienne des élections (ANE).
Principal enjeu du scrutin, le taux de participation a atteint 44,33 % des 61 millions d’inscrits. Mais ce taux de participation annoncé par l’ANE a été mis en doute par la société civile locale.
« Le taux de participation au référendum – où l’on a vu bureaux vides, colis alimentaires et policiers qui font descendre les gens des transports pour aller voter – est de 44 % : plus que le taux de participation de 41 % au référendum de mars 2011, pic de la participation politique !», a commenté Amr Ezzat, membre de l’Initiative égyptienne pour les droits personnels.
Le texte voté permet de faire passer le deuxième mandat d'Abdel Fattah al-Sissi de quatre à six ans, portant son terme à 2024. Ce dernier pourrait ensuite se représenter en 2024 pour un troisième mandat, ce qui le maintiendrait au pouvoir jusqu'en 2030.
La révision constitutionnelle permet en outre d'accroître le contrôle du président sur le système judiciaire. Elle octroie également un pouvoir politique à l'armée, pilier du régime d'Abdel Fattah al-Sissi.
Les partis soutenant al-Sissi estiment que les changements proposés sont indispensables pour que le président puisse parvenir à boucler des projets de développement majeurs ainsi que les réformes économiques.
L'opposition et les ONG de défense des droits de l'homme ont dénoncé un renforcement de « l'autoritarisme » du régime et le climat « suffoquant » dans lequel s’est déroulé le référendum.
« Le référendum s’est déroulé dans un environnement tellement injuste et non libre que ses résultats ne peuvent prétendre à une quelconque légitimité », a déclaré le directeur adjoint de l’ONG Human Rights Watch pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, Michael Page.
Patron de l'armée, al-Sissi a accédé au pouvoir en 2013 après avoir destitué le président démocratiquement élu Mohammed Morsi, issu de l'organisation islamiste des Frères musulmans. L’ancien maréchal avait été élu pour un premier mandat de quatre ans, l'année suivante, avec 96,9 % des voix, avant d’être reconduit en 2018 pour un second mandat avec 97,08 % des suffrages.
AFP.