Yémen: des rebelles Houthis condamnent 30 personnes à mort pour «espionnage»
2019-07-10 06:54:19
Jugés par la cour pénale de Sanaa, des universitaires, des syndicalistes et des prédicateurs ont été condamnés pour « espionnage au profit de pays agresseurs », en référence à la coalition menée par l’Arabie saoudite.
Trente personnes, détenues depuis au moins un an et jusqu’à trois ans pour certaines, ont été condamnées à la peine capitale mardi 9 juillet par la cour pénale de Sanaa. Ces accusés ont été reconnus coupables d'avoir fourni aux pays de la coalition des informations sur des emplacements, en vue de frappes aériennes. 6 autres ont été acquittées.
Ces « condamnations ressemblent davantage à une vengeance », pour Radhya Al Mutawakel de Mouwatana, une organisation locale de défense des droits de l’homme. Il dénonce des peines injustes et sans base légale : « Alors que notre système judiciaire est inexistant ce tribunal pénal de Sanaa voit le jour et lance des procédures opaques ».
« Grave violation des droits de l'homme »
Dans un tweet en arabe, Amnesty International a également dénoncé des « sentences injustes », qualifiées de « grave violation des droits de l'homme » et a demandé leur annulation et la libération immédiate des accusés.
Des accusés jusque-là détenus pour partie sans que personne ne le sache, explique Radhya Al Mutawakel. « Pour nous ils étaient portés disparus. Mais en réalité ils étaient illégalement détenus. Selon les témoignages de leurs proches, ils ont subi des tortures. »
Il implore les Houthis de « cesser ces agissements et relâcher toutes ces personnes condamnées soi-disant pour espionnage ou pour avoir perpétré des attentats », sans la moindre preuve ni « procès équitable ».
En mai 2018 déjà, deux hommes avaient été condamnées à mort par un tribunal de Sanaa a condamné à mort espionnage au profit de l'Arabie saoudite. En janvier dernier, la même cour a aussi prononcé la peine capitale contre une jeune mère de 22 ans, Asmaa al-Omeissy, et deux hommes pour « assistance à un pays ennemi », en l'occurrence les Émirats arabes unis, des condamnations pas encore appliquées. Depuis, la peine de la jeune femme a été commuée en 15 années de prison.RFI