Les Emirats réduisent leur effort militaire au Yémen

  • 2019-07-11 14:08:38
Craignant d’apparaître responsable de la crise humanitaire, Abou Dhabi se désengage surtout du nord du pays. Sans grands discours ni communiqué officiel, les Emirats arabes unis (EAU) ont réduit ces derniers mois leurs forces déployées au Yémen, jusqu’à bouleverser l’équilibre d’un conflit entré en mars dans sa cinquième année. Un officiel émirati anonyme a confirmé le 8 juillet au quotidien The National, à Dubaï, ce passage « d’une stratégie en premier lieu militaire à une stratégie privilégiant la paix ». Ce retrait partiel et réversible, signalé par les EAU à certains de leurs interlocuteurs dès le mois d’avril, a lieu principalement dans le nord du pays. Le nombre de troupes concernées n’a pas été précisé. Leur départ interdit pour l’heure aux forces antihouthistes yéménites d’espérer reconquérir des territoires aux mains des rebelles chiites, qui demeurent maîtres de la capitale, Sanaa, et de la part la plus peuplée du pays. Il exprime aussi clairement la fatigue de la guerre dont font part de longue date des officiels émiratis en privé. Ce chapelet de sept principautés, aux forces armées expérimentées mais peu nombreuses, s’est imposé dès mars 2015 comme le fer de lance de son grand allié saoudien, dans un conflit qui a fait plus de 70 000 morts depuis 2016, selon un décompte de l’ONG américaine Acled. Les EAU y ont perdu une centaine d’hommes, avant de se cantonner dès la fin 2015 à un rôle-clé de soutien à des milices yéménites qui, elles, montent au front. Les Emirats ne démontrent cependant aucune volonté de quitter la moitié sud du Yémen, où ils ont établi une forme de protectorat sur les côtes, s’érigeant en garants de la sécurité du trafic maritime international à l’entrée de la mer Rouge. Ils maintiennent leur soutien sur les fronts d’Al-Dhale et de Lahij, près de l’ancienne frontière entre les deux Yémens du Sud et du Nord, réunifiés en 1991. Les forces émiraties luttent par ailleurs au côté des Etats-Unis contre Al-Qaida dans les provinces méridionales, et tentent d’y effacer l’influence du mouvement Al-Islah, la branche yéménite de la confrérie des Frères musulmans, leur bête noire. « Risque trop grand »Les Emirats ont donc retiré des troupes et des batteries antimissiles de la région de Marib (nord-est), selon des sources tribales et yéménites. Dès la deuxième semaine de juin, ils avaient par ailleurs rapatrié l’essentiel de leur matériel militaire lourd, dont leurs hélicoptères Apache, de la région d’Hodeïda (nord-ouest), dont ils avaient fait en juin 2018 le premier front du pays.AFP

متعلقات