Des dizaines de blessés après des heurts sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem

  • 2019-08-12 11:35:55
Deux fêtes religieuses, juive et musulmane, avaient lieu dimanche 11 août. Une concomitance à l’origine de nouvelles tensions dans la vieille ville entre Palestiniens et policiers israéliens. La journée promettait d’être électrique. Elle le fut. La concomitance exceptionnelle de deux fêtes religieuses, juive et musulmane, dimanche 11 août, a provoqué un regain de tensions dans la vieille ville de Jérusalem. Une soixantaine de Palestiniens ont été blessés, ainsi que quatre policiers israéliens, dans des heurts qui ont éclaté sur l’esplanade des Mosquées (mont du Temple pour les juifs), l’un des sites les plus sensibles du conflit israélo-palestinien. Dimanche matin, des dizaines de milliers de musulmans s’y sont rendus pour la grande prière de l’Aïd-el-Kébir, la fête du sacrifice. Cette année, le premier jour de l’Aïd coïncidait avec Ticha Beav, jour de deuil et de jeûne pendant lequel les juifs commémorent, notamment, la destruction des deux temples de Jérusalem. Devant la concordance des calendriers religieux, le Waqf, la fondation jordanienne chargée des biens musulmans à Jérusalem, avait décidé de fermer les autres mosquées de la Ville sainte pour que les fidèles se rendent en masse à celle d’Al-Aqsa, sur l’esplanade. Invoquant des raisons de sécurité, la police israélienne, qui contrôle l’entrée du site, en avait d’abord interdit l’accès aux juifs. Mais, sous la pression de la droite religieuse nationaliste, elle les a finalement autorisés à y monter, suscitant la colère des Palestiniens sur place. Elle a dispersé ces derniers avec des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes. Les exceptions se multiplientSi les ultraorthodoxes s’interdisent de poser un pied sur le mont du Temple, suivant la doctrine du grand-rabbinat d’Israël, certains nationalistes religieux en revendiquent l’accès et le droit à la prière. D’après le statu quo qui régit les lieux saints à Jérusalem, seuls les musulmans sont autorisés à prier sur l’esplanade des Mosquées. Pendant leurs périodes de fêtes, le troisième lieu saint de l’islam est généralement fermé aux non-musulmans, mais les exceptions se multiplient, comme le montre ce dernier épisode. Dans la journée de dimanche, la Jordanie, gardienne des lieux saints musulmans de Jérusalem, a dénoncé les « provocations » israéliennes qui alimentent « la rage et la frustration » au premier jour de l’Aïd-el-Kébir. L’Organisation de libération de la Palestine (OLP) a également condamné « l’agression » des forces de l’ordre israéliennes sur l’esplanade des Mosquées. Les Palestiniens craignent qu’Israël prenne le contrôle du site, qu’ils considèrent comme leur dernière parcelle de souveraineté à Jérusalem-Est ; la partie orientale de la ville, qu’ils associent à la capitale de leur futur Etat, est sinon sous occupation israélienne depuis 1967. L’esplanade des Mosquées n’est pas le seul théâtre de tensions à Jérusalem-Est. Depuis plusieurs semaines, la police israélienne mène dans le quartier palestinien d’Issawiya, en contrebas du campus de l’Université hébraïque, dans le nord-est de la Ville sainte, une opération de grande ampleur, sous prétexte de lutte anticriminelle. Les Palestiniens ainsi que des organisations de défense des droits de l’homme décrivent plutôt un acte de punition collective d’une durée inédite.

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