Syrie : à Tel Tamer, la peur de ceux qui vont au front ou qui le fuient
2019-10-13 17:43:02
Après le déclenchement de l’offensive turque, les villageois kurdes et arabes des zones frontalières du nord-est syrien tentent de trouver refuge dans l’arrière-pays.
Vendredi 11 octobre, à Tel Tamer, la peur avait un visage. Celui d’un jeune homme aux yeux fous assis à l’arrière d’une fourgonnette. Kalachnikov entre les jambes, il serre, crispé, une cigarette fine, entre le pouce et l’index. La mort l’attend peut-être, au bout de la route, lui ou l’un de ses sept compagnons kurdes, là-bas, vers Ras Al-Aïn où l’armée turque bombarde et où ses supplétifs islamistes s’infiltrent. Mais pour encore quelques minutes, le véhicule conduit par son chef, le camarade Agid, est stationné à la sortie de Tel Tamer, à 30 kilomètres de la bataille en cours. C’est là que se trouve la dernière boutique avant la guerre, où on peut se procurer de grosses canettes de boisson énergisante.
La portière coulissante du véhicule est ouverte sur un chaos de mitrailleuses, de lance-roquettes et de paquets de gâteaux. « La guerre n’est plus la même, dit le camarade Agid, resté au volant. Plus d’uniformes, plus de véhicules militaires. » Le temps des batailles victorieuses contre l’organisation Etat islamique (EI), sous le couvert aérien américain, est loin. C’est à l’ennemi qu’appartient maintenant la supériorité militaire. Il faut s’adapter, se mêler aux civils, pour résister, éviter d’être pris pour cible. Mais les adversaires des Forces démocratiques syriennes (FDS) font-ils la différence ?