Le premier ministre irakien concède sa démission à la rue
2019-11-30 20:14:00
Le départ d’Adel Abdel Mahdi, après deux mois d’une contestation qui a fait plus de 420 morts, n’a pas apaisé les manifestants qui réclament « la chute du régime ».
Des cris de joie se sont élevés de la place Tahrir à Bagdad, en début d’après-midi, vendredi 29 novembre. Au lendemain d’une journée particulièrement meurtrière dans le sud de l’Irak, le premier ministre, Adel Abdel Mahdi, venait d’annoncer qu’il remettrait sa démission au Parlement. Alors qu’au moins 420 personnes sont mortes depuis le début de la contestation, le 1er octobre, le sentiment qui domine est celui d’avoir gagné une bataille, mais pas encore la guerre contre le « régime » dont les manifestants réclament la chute.
« C’est le début de la victoire, commente Sara, une militante, mais cela ne répond qu’à une partie de nos souhaits. Nous occuperons les places jusqu’à ce que toutes nos demandes soient entendues et que le sang des martyrs soit honoré. »
Reprenant mot à mot le sermon adressé lors de la prière du vendredi par l’ayatollah Ali Al-Sistani, la plus haute autorité chiite du pays, Adel Abdel Mahdi a concédé une démission devenue inéluctable. Révéré parmi la majorité chiite dont sont issus la plupart des contestataires, et écouté par la classe dirigeante, le « vieux sage » de Nadjaf venait d’exhorter le Parlement à lui retirer sa confiance pour éviter le « chaos ».
Les formations chiites qui dominent le Parlement ont aussitôt obtempéré. Les coalitions Sairoun (« en marche »), du chef populiste Moqtada Al-Sadr, et Al-Fatah, menée par le chef du parti-milice Badr, Hadi Al-Ameri, ont appelé à un vote de défiance contre M. Abdel Mahdi. Cet indépendant de 77 ans, sans base partisane et populaire, était le candidat de compromis sur lequel ils s’étaient entendus, en octobre 2018, après plusieurs mois de tractations sous l’égide des deux « parrains » américain et iranien.