En Tunisie, les femmes se mobilisent contre les violences

  • 2019-12-01 16:36:39
De nombreuses femmes ont protesté samedi à Tunis contre le manque d’application de la loi contre les violences votée en 2017. Au rythme du martèlement des cuillères sur les casseroles, plusieurs centaines de militantes féministes, des femmes et hommes de tout âge ont manifesté sur l’avenue Habib Bourguiba à Tunis, ce samedi 30 novembre. Ce cortège, inscrit dans le cadre d’une campagne de seize jours contre les violences faites aux femmes, arborait en guise d’armes symboliques, des balais brandis à bout de bras et des pancartes très explicites clamant « A bas le patriarcat », « Basta », ou encore, « Nous voulons une vraie égalité, pas seulement sur le papier ». Des messages clairs à l’issue d’une année 2019 bien peu clémente pour les femmes tunisiennes. A l’instar du drame d’avril dernier, les accidents continuent à tuer en silence des ouvrières agricoles. En novembre, encore, une femme a été écrasée par un camion faisant marche arrière. Et ce n’est pas tout. Ces trois dernières semaines, huit cas de féminicides ont été enregistrés. Le milieu politique immobile Alors que ces drames ponctuent la vie quotidienne du pays, le monde politique, lui, n’a pas changé d’agenda. D’une part, la loi sur l’égalité dans l’héritage proposée par Beji Caïd Essebssi n’a pas été discutée au parlement ; et puis, les faits divers s’enchaînent. Ainsi, durant l’entre-deux tour de la présidentielle, un nouveau scandale a éclaté lorsqu’un député a été surpris en flagrant délit de harcèlement sexuel sur une lycéenne. Si l’événement a déclenché une vague de soutien à la victime avec la montée du mouvement #EnaZeda, le #Metoo tunisien, l’affaire traîne encore en justice… Et cette semaine encore, un rappeur de renom Klay BBJ a été arrêté après avoir appelé au viol d’une chroniqueuse télé dans une de ses chansons. Et le geste policier a déclenché une vague de soutiens masculins. « Même si les femmes ont brisé le mur du silence en portant d’avantage plainte ou en parlant sur les réseaux sociaux à travers #EnaZeda, il y a une banalisation très inquiétante de la violence et du discours de haine comme le montre cette dernière affaire » témoigne Yosra Frawes, présidente de l’association tunisienne des femmes démocrates. Si le rappeur a été arrêté suite à la plainte de la chroniqueuse, beaucoup de militantes s’étonnent du soutien qu’il continue de recueillir au sein de la communauté artistique et parmi les jeunes. « C’est ce qui génère l’impunité », analyse Nawrez Ellafi, l’une des activistes du mouvement #EnaZeda. « Cette polémique a fait beaucoup débat. Nous formons une communauté assez soudée, certes, mais si derrière, rien n’est fait comme dans le cas du député, à quoi ça sert ? ».

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