Irak : répression meurtrière des protestations antipouvoir après le revirement de Moqtada Al-Sadr
2020-01-27 14:58:43
Le leader chiite a retiré son soutien à la contestation, après le succès de la « marche du million ». Trois roquettes se sont abattues dimanche sur l’ambassade américaine à Bagdad, faisant au moins un blessé.
Des milliers de manifestants antipouvoir, dont de nombreux étudiants, ont défilé, dimanche 26 janvier, à Bagdad et dans le sud de l’Irak, en signe de défiance aux autorités après une tentative de démanteler leurs sit-in. L’assaut lancé par les forces de sécurité, dans la nuit de vendredi à samedi, contre plusieurs places de la contestation, a en effet donné lieu à un week-end particulièrement meurtrier. Au moins 12 personnes ont été tuées et 230 blessées en deux jours, selon la Haute Commission irakienne des droits de l’homme, portant à près de 500 le nombre de victimes de la répression depuis le début du mouvement, en octobre 2019.
Samedi, avant l’aube, les forces antiémeute avaient délogé les manifestants installés place Al-Bahariya à Bassora, dans le sud du pays, incendiant leurs tentes. A Bagdad, les forces de sécurité ont rouvert des routes et des ronds-points occupés par les protestataires autour de la place Tahrir, faisant craindre un assaut imminent sur ce centre névralgique de la contestation antipouvoir. L’assaut s’est poursuivi dimanche, notamment à Nassiriya, où les forces de sécurité ont attaqué le sit-in, brûlant les tentes et tirant à balles réelles sur les manifestants.
Peu de temps avant cet assaut coordonné, de nombreux partisans du chef populiste chiite Moqtada Al-Sadr avaient défait leurs tentes et quitté les sit-in à Bagdad et dans le Sud, à l’appel de leur chef. Par un Tweet rageur, publié tard vendredi, Moqtada Al-Sadr avait annoncé retirer son soutien à la contestation, après le succès d’une « marche du million » qu’il a organisée à Bagdad contre la présence américaine en Irak. « Il a donné le feu vert au gouvernement pour réprimer les manifestations, a réagi Husanein Ali, un manifestant de 35 ans, auprès de l’agence Associated Press. Nous considérons cela comme une trahison du sang des martyrs et des sacrifices des partisans de Moqtada Al-Sadr. »