Coronavirus: les Irakiens face aux lacunes de leur système de santé, un médecin raconte

  • 2020-05-17 11:29:41
Depuis la levée partielle du couvre-feu en plein mois de ramadan, le nombre de cas de contamination au coronavirus a sensiblement augmenté en Irak. Ils restent toutefois limités selon le ministère de la Santé : 3 193 contaminés à ce jour, pour 117 décès. Des chiffres à analyser avec prudence, car outre le manque de tests dans le pays, il n’est pas rare que les Irakiens restent chez eux et cachent leur maladie, pour éviter toute sorte de stigmatisation. Reportage. La docteure Marwa al-Khafaji a 31 ans et travaille à l’hôpital de Kerbala. Lorsque sa tante est revenue d’Iran début mars. Personne n’imaginait qu’elle était porteuse du virus. L’Irak venait à peine de découvrir ses premiers cas. « Les médecins lui ont diagnostiqué une simple grippe, nous raconte Marwa al-Khafaji. Ils lui ont prescrit un traitement, puis lui ont demandé de rentrer chez elle. Ensuite j’ai été infectée, par ma mère. Je n’avais plus aucune énergie. » Après une nouvelle visite médicale, la famille al-Khafaji est finalement mise en quarantaine. Marwa connaissait les lacunes du système de santé irakien en tant que médecin. Elle les redécouvre en tant que patiente. « Il y a peut-être 5 ou 6 patients dans une même chambre, décrit la docteure. Et puis mes collègues ont peur du coronavirus. Alors ils restent loin des patients. Dès qu’ils peuvent. » « Les Irakiens ne se battent pas pour leur santé » Pour l’heure, l’Irak n’a pas connu le scénario catastrophe que certains prédisaient.Mais ce médecin s’inquiète du peu de vigilance dans le pays. « Les gens en Irak ne comprennent pas ce qu’est la distanciation sociale. Ils se disent : le coronavirus ne tue pas ici comme à l’étranger, donc on est en sécurité. Et puis vous savez en Irak, les gens ne se battent pas pour leur santé. Ils acceptent leur mort. » Aujourd’hui guérie, la docteure Marwa a repris ses fonctions à Kerbala, et aide à diagnostiquer les patients atteints du virus.

متعلقات