Le 2 juin prochain, l’ONU, de concert avec l’Arabie saoudite, organisera un événement virtuel d’appel aux fonds pour le Yémen. Comme un peu partout dans le monde, le Yémen affronte en ce moment-même la crise du coronavirus. Sauf que celle-ci exacerbe gravement la situation humanitaire catastrophique de ce pays, le plus pauvre de la péninsule arabique, frappé par une guerre qui dure depuis maintenant plus de 5 ans. « Transmission communautaire » Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), plus de 30 programmes clés onusiens pourraient fermer dans les semaines à venir en raison de manque de financement. « Les équipes d’intervention rapide de Covid-19, par exemple, n’ont de financement que pour les six prochaines semaines », a illustré vendredi 22 mai Jens Laerke, porte-parole de l’OCHA, lors d’un point de presse virtuel depuis Genève. Depuis l’apparition du premier cas de Covid-19 au Yémen, le 10 avril dernier, les autorités du pays ont signalé 184 cas dont 30 décès à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais « l’incidence réelle est presque certainement beaucoup plus élevée », a estimé M. Laerke. Et sur le terrain, les épidémiologistes craignent que le virus puisse se propager plus rapidement, avec des conséquences plus mortelles que dans de nombreux autres pays. Les dépistages, en effet, restent rares, et la moitié seulement des établissements de santé sont pleinement opérationnels. Selon le porte-parole de l’OCHA, « les organisations humanitaires au Yémen travaillent maintenant avec l’hypothèse d’une transmission communautaire à l’échelle du pays ». « Nous entendons beaucoup d’entre eux dire que le Yémen est vraiment au bord du gouffre en ce moment », a-t-il ajouté. Le système de santé du pays ayant besoin d’une aide importante pour faire face à la pandémie de Covid-19. Appel aux dons Les organismes d’aide doivent refuser des personnes parce qu’ils n’ont pas assez d’oxygène médical, ni d’équipements de protection individuelle. « Avec une pénurie aiguë d’équipements pour les travailleurs de la santé et l’absence de paiement régulier des salaires, le système de santé s’effondre » au Yémen, a averti Jens Laerke. D’où l’intensification des activités de sensibilisation, de prévention et de gestion des cas, ainsi que l’augmentation des capacités logistiques des agences d’aide humanitaire. A ce titre, le 2 juin prochain, l’ONU, de concert avec l’Arabie saoudite – partie prenante dans la guerre au Yémen -, organisera un événement virtuel d’appel aux fonds internationaux. « Nous demandons aux donateurs de s’engager généreusement et de verser leurs contributions rapidement. Nous nous approchons d’un précipice budgétaire et, sans financement supplémentaire, le Yémen devra lutter contre une pandémie de Covid-19 avec un système de santé effondré », a conclu le porte-parole de l’OCHA.