Coronavirus: au Yémen, la lutte contre la pandémie entravée par la guerre

  • 2020-06-02 20:46:51
L'Arabie saoudite et les Nations Unies organisent ce mardi 2 juin une conférence de donateurs pour le Yémen. La semaine dernière, l'ONU lançait un signal d'alerte pour réunir d'urgence des fonds. Le but est notamment de lutter contre la propagation du coronavirus aux côtés d’autres maladies. Le Yémen n’est pas épargné par le virus. Le Covid-19 se propage actuellement dans un pays ravagé par plus de cinq ans de guerre. La population a déjà subi nombre d’épidémies. En plus du Covid-19, d’autres maladies telles que le choléra la dengue ou le chikungunya continuent de sévir au sein de familles affaiblies par la malnutrition et la pauvreté. La propagation de ces maladies a été amplifiée par d’importantes inondations en avril dernier alors que le système sanitaire est en ruines. « J'ai contracté le chikungunya il y a 10 jours. C'est une maladie très grave qui touche les poumons. Je n'ai trouvé aucun médecin qui puisse me soigner, témoigne Najibah Najar. Cette membre active de la société civile vit à Aden dans le sud du pays. Elle s’est finalement tournée vers les réseaux sociaux pour trouver de l’aide. « J’ai ainsi pu joindre un médecin qui m’a donné des médicaments. Mais moi j'ai accès aux réseaux sociaux, j'ai les moyens de me débrouiller. Ce n'est pas le cas pour tout le monde. Les hôpitaux sont tous fermés, il n'y a que deux hôpitaux privés qui gèrent les cas de Covid-19 mais ils ignorent complètement les autres maladies. » De nombreux acteurs humanitaires ont alerté ces dernières semaines sur la propagation du coronavirus dans le pays, affirmant en voir les signes concrets et les morts se multiplier, mais aucune donnée exacte n’est disponible. Certains accusent les différents acteurs du conflit d'étouffer la réalité sanitaire pour donner une impression de contrôle. Ce flou ne fait que complexifier l’organisation de la lutte contre le Covid-19. « Nous faisons ce que nous pouvons pour aider les autorités du Nord et du Sud du Yémen pour leur permettre d'améliorer leur capacité hospitalière, explique Lise Grande, coordinatrice humanitaire des Nations unies dans le pays. Mais nous avons besoin d’analyser qui a besoin d'aide, qui sera un bon partenaire afin d'être certains que l'aide arrivera à ceux qui en ont le plus besoin, peu importe qui ils sont ou qui ils soutiennent politiquement. Dans un contexte de guerre, une guerre aussi terrible et dévastatrice, c'est un vrai défi. » Ces difficultés dans l’acheminement de l’aide internationale jusqu’au bénéficiaire ne sont pas nouvelles, même si elles sont plus saillantes encore à l’heure du Covid-19. Les Nations unies ont lancé un signal d’alarme la semaine dernière, appelant à la mobilisation des donateurs conviés à la conférence de ce mardi 2 juin. Avant même l’épidémie, les caisses étaient déjà vides. « Sur les 41 principaux programmes des Nations unies, 31 sont soit déjà fermés soit sur le point de l'être, précise Lise Grande. Si nous ne recevons pas les financements que nous avons demandés, des centres de santés vont être fermés, des programmes d'assainissement de l'eau vont être fermés. » Les Nations unies participaient également à la rémunération des personnels de santé qui, comme beaucoup de fonctionnaires, ne touchent plus leur salaire yéménite. Une semaine avant l’annonce du premier cas de Covid-19, l'ONU a annoncé être obligée de mettre fin à ses versements d’argents faute de moyens.

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