Le sort incertain des employées de maison migrantes au Liban

  • 2020-06-08 21:04:16
Les employées de maison sont frappées de plein fouet par la crise économique et financière qui secoue le Liban depuis l’automne dernier, aggravée par la pandémie du coronavirus. L’image d’une trentaine de travailleuses domestiques éthiopiennes abandonnées sur un trottoir a tourné en boucle dans les médias et sur les réseaux sociaux la semaine dernière. Un abri a été trouvé aux 35 employées de maison qui se sont retrouvées sans toit, sans ressources et parfois sans papiers après que leurs employeurs qui ne parvenaient plus à payer leurs salaires les ont chassées. Elles ont été logées dans un hôtel par le ministère du Travail avant d’être prises en charge par Caritas-Liban. Mais cette solution provisoire ne résout pas ce problème qui risque de s’amplifier sans les semaines à venir. Plus d'une employée sur trois en situation irrégulière Avec l’aggravation de la crise économique, il est peu probable que la situation financière du Liban s’améliore dans les mois à venir, selon la plupart des experts. Quel est le sort qui attend les 250 000 domestiques de maison migrantes, dont 75 000 sont en situation illégale ? La pénurie de dollars et la dépréciation de la valeur de la livre libanaise ont provoqué la chute brutale du pouvoir d’achat de nombreuses familles libanaises. L’arrêt de l’activité économique à cause de la pandémie du coronavirus a entraîné une explosion du chômage qui est passé à 32% en trois mois. Dans quelques mois, un million de Libanais, soit 65% de la population active, pourraient se retrouver sans emploi, selon le Centre de recherche et l’institut de sondage L’internationale de l’information. Dans ces conditions, la majorité des employées de maison étrangères vont perdre leur travail et celles qui sont en situation illégale sont les plus vulnérables. Un raptriement trop onéreux Beaucoup d’employeurs n’ont même plus les moyens de financer le retour des domestiques migrantes. Pour les Éthiopiennes, par exemple, le billet retour coûte 680 dollars. Mais Addis Abeba exigent que les quatorze jours de confinement obligatoires pour tous celles et ceux qui rentrent, soient financés par les employeurs libanais. La plupart refusent ou ne peuvent pas débourser les 800 dollars que coûte cette opération. L’État libanais non plus n’a pas les moyens de prendre en charge le rapatriement. D’ailleurs, il ne le fait pas pour les milliers d’expatriés libanais qui sont contraints d’acheter au prix fort leurs billets s’ils souhaitent rentrer. Les autorités libanaises se sont tournées vers l’Organisation internationale du travail (OIT) et l’Organisation internationale des migrations (OIM) pour tenter de trouver une solution à cette énième crise humanitaire que doit gérer le Liban, qui ploie déjà sous une multitude de crises.

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