Une spirale de violence menace d’enflammer le Liban
2020-06-13 20:46:47
La chute de la livre, qui a perdu 70 % de sa valeur face au dollar, pousse des milliers de personnes dans les rues du pays, rejoints par des casseurs de plus en plus nombreux.
Des flammes illuminent la façade de la mosquée Mohammed Al-Amine, vendredi 12 juin dans la soirée, au coin de la place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth. Des poubelles brûlent. Les vitrines de plusieurs magasins alentour ont volé en éclats. Torse nu, le visage masqué par leur tee-shirt, des jeunes caillassent les forces de sécurité qui affluent en renfort.
« La colère va grandir, car la livre s’écroule et le gouvernement est incapable de réagir », prophétise Ali, un ex-serveur de restaurant au chômage, en référence à l’effondrement de la monnaie nationale, qui a perdu 70 % de sa valeur face au dollar. « Qui joue avec la livre ? s’interroge Hassan, un autre protestataire. Il y a des gens qui profitent de sa dégringolade et c’est nous qui en payons le prix. Qu’ils rentrent chez eux tous ces politiciens incapables ! La violence, je ne suis pas pour, mais c’est le seul moyen de se faire entendre. »
Des manifestants lancent des slogans anti-confessionnels, appelant à l’unité entre chrétiens et musulmans, entre sunnites et chiites, semblables à ceux entendus en octobre, au démarrage du soulèvement contre la classe politique, accusée d’incurie et de corruption. Mais ils ne font pas le poids face aux jeunes casseurs, arrivés en masse des banlieues de Beyrouth, pour en découdre avec la police. « Je n’en peux plus, mon salaire équivaut aujourd’hui à 200 dollars », confie un soldat en civil, vêtu d’une chemise bariolée, venu manifester pour la première fois de sa vie.