Droits des enfants au Yémen, l’ONU crée la polémique
2020-06-19 19:15:48
La coalition arabe au Yémen sera enlevée de la liste noire sur les violations des droits des enfants. En 2016, elle avait déjà été retirée après des pressions de l’Arabie saoudite. Les associations de défense des enfants sont vent-debout.
Qu’a décidé l’ONU ?
Dans son rapport annuel publié le 15 juin, l’Organisation des nations unies (ONU) annonce qu’elle va retirer la coalition arabe au Yémen de la liste des États et entités violant les droits des enfants.
Composée d’une dizaine de pays sunnites et menée par l’Arabie saoudite, cette alliance intervient depuis 2015 au Yémen. Elle y soutient le gouvernement, engagé dans une guerre civile contre les Houthis, groupe appuyé par l’Iran chiite.
Pourquoi l’ONU a-t-elle pris cette décision ?
L’ONU a justifié sa décision en soulignant la « diminution importante du nombre de morts et de mutilations lors des raids aériens et la signature d’un accord-cadre en mars 2019 ». Selon la publication, en 2019, la coalition a causé 222 décès de mineurs au Yémen sur 1 447. En 2018, ses attaques ont tué 729 enfants, 370 en 2017.
Virginia Gamba, représentante de l’organisation pour les enfants et les conflits armés, n’a pas manqué de préciser que l’institution n’avait subi « aucune pression » de la part de l’Arabie saoudite. Car en 2016, Ban Ki-moon, alors secrétaire général de l’ONU, avait révélé que Riyad menaçait de « supprimer des financements à plusieurs programmes de l’ONU » si son nom apparaissait dans le rapport. Ce dernier accusait la coalition arabe d’être responsable de 60 % des 785 morts d’enfants au Yémen en 2015, chiffres contestés par la puissance du Golfe.
Et Ban Ki-moon avait cédé. « J’ai dû tenir compte de la perspective très réelle de voir des millions d’autres enfants souffrir gravement. Ce fut l’une des décisions les plus douloureuses et difficiles que j’ai eues à prendre », avait-il regretté, suscitant l’incompréhension chez les diplomates.
En 2017, le nouveau secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a introduit une distinction dans la liste noire entre les belligérants qui ne prennent pas de mesure pour améliorer la protection des enfants et ceux qui en prennent. Cette année-là, la coalition arabe a refait son apparition dans la seconde catégorie.