Etats-Unis : pour Robert Mueller, Roger Stone, l’ex-conseiller privé de Donald Trump, « reste un criminel »
2020-07-13 17:31:53
Le président américain a gracié son ancien conseiller, qui avait été condamné à quarante mois de prison pour avoir menti au Congrès dans l’enquête russe.
Robert Mueller en est sorti de sa réserve. Moins de vingt-quatre heures après l’annonce par la Maison Blanche que Donald Trump avait commué la peine de son ami Roger Stone, l’ancien procureur indépendant chargé de l’enquête sur les ingérences russes dans la campagne présidentielle de 2016, a publié, samedi 11 juillet, un texte dans le Washington Post pour défendre son investigation. Roger Stone a été reconnu coupable, rappelle-t-il. « Il reste un criminel condamné et à juste titre. »
L’ex-conseiller privé du président américain devait être incarcéré le 14 juillet pour purger la peine de quarante mois de prison à laquelle il a été condamné en février, pour avoir menti à cinq reprises au Congrès et pour subornation de témoin. En défendant samedi sa décision, M. Trump a déclaré que la peine était « injuste » et que Roger Stone était victime d’une « chasse aux sorcières illégale ».
Une figure centrale de l’enquête
Robert Mueller, qui est connu pour sa réserve à commenter les conclusions de son rapport d’avril 2019, explique dans sa tribune que Roger Stone a été l’une des figures centrales de son enquête pour deux raisons. « Il est entré en communication en 2016 avec des individus que nous avons identifiés comme des officiers du renseignement russe et il a revendiqué avoir eu connaissance préalablement de la diffusion par WikiLeaks des e-mails volés par ces officiers russes. » Les e-mails étaient ceux du Parti démocrate et d’Hillary Clinton. Leur divulgation a porté tort à la campagne de la candidate démocrate.
L’enquête, qui a duré vingt-deux mois, a montré que Roger Stone, un ami de plus de vingt ans de M. Trump, avait « menti au Congrès sur l’identité de son intermédiaire avec WikiLeaks, poursuit le procureur Mueller. Menti sur l’existence de communications écrites avec son intermédiaire. Menti en niant avoir communiqué avec [l’équipe de] campagne de Trump sur le calendrier des révélations de WikiLeaks. En fait, il en a constamment tenu au courant de hauts responsables de la campagne. Et il a exhorté un témoin à faire obstruction » aux demandes du Congrès.
En novembre 2019, le jury avait prononcé la culpabilité de Roger Stone, un homme qui s’est dit lui-même spécialiste des coups tordus et porte sur le dos un tatouage à l’effigie de Richard Nixon qu’il ne craint pas de montrer aux caméras. Immédiatement, M. Trump avait fait part de son intention de le tirer d’affaire, au mépris du principe de séparation des pouvoirs. Après le verdict, il avait publié Tweet sur Tweet pour dénoncer les recommandations des procureurs (entre sept et neuf ans de prison). Quand le ministre de la justice, William Barr, a requis une peine plus légère (entre trois et quatre ans), il l’a félicité. Les quatre procureurs chargés du dossier ont préféré démissionner.