En Biélorussie, le principal opposant à Loukachenko écarté de la course présidentielle
2020-07-14 22:58:26
Après son arrestation en juin, la candidature de l’ancien banquier Viktor Babaryko à la présidentielle, organisée dans trois semaines, a été rejetée mardi par la commission électorale.
A ceux qui auraient pu se bercer d’illusions sur l’avenir démocratique de la Biélorussie, Alexandre Loukachenko vient d’offrir un démenti cinglant. Depuis vingt-cinq ans, aucune des élections qui ont permis à l’autocrate de se maintenir au pouvoir n’a été reconnue par les organisations internationales. Celle qui se tiendra le 9 août prochain ne fera pas exception. Mardi 14 juillet, la commission électorale a rejeté la candidature de Viktor Babaryko – l’opposant le plus populaire et le plus menaçant aux yeux de M. Loukachenko – au prétexte d’« incohérences » dans sa déclaration de revenus et de la « participation d’une organisation étrangère » au financement de sa campagne.
L’annonce a provoqué des manifestations spontanées à Minsk, où la foule, malgré les répressions du mois de mai, est descendue dans les rues pour exprimer son exaspération, donnant lieu à de multiples affrontements avec les forces de l’ordre.
L’ex-banquier de 56 ans avait recueilli plus de 400 000 signatures pour valider sa candidature quand il n’en faut « que » 100 000. A la tête de la banque russe Belgazprombank jusqu’en mai, et son lancement en politique, Viktor Babaryko avait su galvaniser les foules comme avant lui le blogueur Sergueï Tikhanovski, qui avait qualifié le président de « cafard ».
Tous deux sont aujourd’hui derrière les barreaux. Le premier, depuis le 18 juin, pour des soupçons de fraude et de blanchiment d’argent impliquant Belgazprombank, le second, depuis le 29 mai, pour trouble à l’ordre public. M. Tikhanovski n’ayant pu recueillir les 100 000 signatures nécessaires avant son emprisonnement, aucun des deux n’affrontera Alexandre Loukachenko dans les urnes. Les prétentions de Valery Tsepkalo, homme d’affaires et ancien diplomate, ont aussi été douchées après que la commission électorale a disqualifié nombre de ses signatures.