Deux affaires mettant en cause des policiers, pour des coups et des faits de torture, soulèvent l’émoi dans le sous-continent. Selon la Commission nationale des droits humains, plus de 3 000 personnes sont mortes dans les locaux de la police indienne entre 2017 et 2018.
Les images sont insupportables. Des enfants hurlant leur douleur auprès des corps de leurs parents inconscients. Des paysans battus au milieu d’un champ à coup de lathis, longs bâtons en bois ou en plastique hérités des colons britanniques, par des policiers en uniforme. Les faits se sont produits le 14 juillet. Rajkumar et sa femme Sabitri sont agriculteurs dans le Madhya Pradesh, un Etat du centre de l’Inde, dirigé par le Bharatiya Janata Party (BJP), le mouvement du premier ministre Narendra Modi. Ils sont aussi dalits, anciennement appelés « intouchables », c’est-à-dire tout en bas de la hiérarchie des castes.
Le 14 juillet, les policiers sont venus arracher au bulldozer leur récolte de soja au motif que leur champ appartiendrait au gouvernement de cet Etat et empiéterait sur des sols destinés à la construction d’un collège. Les agriculteurs ont expliqué qu’ils louaient leurs terres et ont imploré les policiers de ne les déloger qu’après la récolte car ils se sont endettés pour acheter des semences et ne disposent d’aucun autre moyen pour nourrir leur famille. En vain.
Désespérés, ils ont tenté de mettre fin à leur jour, devant leurs propres enfants, en avalant des pesticides. Face à l’émoi suscité par une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux, le principal opposant à Narendra Modi, Rahul Gandhi, a dépêché des membres de son parti, le Congrès, pour rencontrer le couple à l’hôpital et leur apporter une aide financière. Six policiers, dont un inspecteur et deux femmes, ont été suspendus.
Cette affaire illustre à la fois le sort dramatique des dalits et les violences policières, presque banales en Inde, où les coups de lathis des policiers pleuvent quotidiennement.